Quand la culture geek devient un refuge émotionnel

Un article de Fantomas-2
Publié le 19/06/2025
Dans la section #GEEK
Article public d'intéret général
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Salut les geeks

Vous savez, on parle souvent de la culture geek comme d’un simple catalogue de passions : jeux vidéo, mangas, codage, figurines, SF, fantasy… Mais si on gratte un peu, il y a derrière tout ça une vraie mécanique émotionnelle. Pour beaucoup d’entre nous, cette culture est bien plus qu’un hobby : c’est un refuge, un espace de régulation émotionnelle à part entière. Et on ne le dit pas assez.

Un univers à part, quand la réalité pèse

J’ai personnellement commencé à "geeker" jeune, comme beaucoup ici, je suppose. Au début, c’était pour m’amuser, passer le temps. Puis à l’adolescence, les choses ont changé. Le monde réel, ses galères, ses attentes, son bruit… tout ça pesait. Et le jeu, l’écran, la communauté sont devenus une bulle. Mon endroit à moi. Et je sais que je suis loin d’être la seule.

Des études comme celle parue dans Le Carnet Psy expliquent justement ce rôle fondamental de la culture geek :
> “Elle permet la valorisation d’intérêts qui apparaissaient aux yeux des autres comme exotiques, voire même étranges.”
On y trouve un entre-soi réconfortant, des gens qui nous ressemblent, avec qui on partage des codes, des délires, un langage.

Quand la passion devient un outil de gestion émotionnelle

On pourrait croire que se plonger dans un univers imaginaire ou se fixer sur des mécaniques de jeu complexes, c’est fuir la réalité. Peut-être. Mais c’est aussi organiser son chaos intérieur, mettre de l’ordre là où ça déborde.

Comprendre un build, gérer une guilde, théoriser une stratégie ou même collectionner avec obsession, c’est mettre son esprit en mouvement. Et quand les émotions sont trop fortes, cette immersion peut calmer, canaliser.

La psychologue Claudine Blanchard-Laville évoque d’ailleurs l’idée que “la surconsommation culturelle geek” peut agir comme un mécanisme de défense structurant. Un sas émotionnel.

Les communautés : solitude ou entraide ?

On entend parfois que les geeks sont seuls dans leur coin. C’est faux. Ou du moins, c’est incomplet. Les communautés geek sont parmi les plus actives et bienveillantes qu’on puisse trouver en ligne (quand elles ne sont pas toxiques, mais ça, c’est un autre sujet).

On partage, on rigole, on s’entraide. J’étais cette personne qui organisait, qui écoutait. Pas pour me confier – j’en avais rarement envie – mais pour créer un espace où on allait passer un bon moment ensemble. Et souvent, c’est dans ces liens “à distance” que se forgeaient des attachements profonds.

Des chercheurs ont d’ailleurs identifié que les interactions entre geeks favorisent la résilience émotionnelle. L’étude de N. Yee sur les joueurs de MMORPG l’a démontré dès les années 2000 : l’engagement social dans les mondes virtuels diminue les sentiments d’isolement et augmente la confiance en soi.

Une intelligence émotionnelle… geek

Être geek, c’est aussi développer une autre forme d’intelligence émotionnelle. On apprend à lire entre les lignes, à décoder des messages, à gérer des groupes (oui, même un raid WoW, c’est du management émotionnel !), à comprendre des personnages, à ressentir via des récits, des musiques, des images.

Et si le “geek” est parfois perçu comme maladroit dans ses interactions sociales réelles, il n’en reste pas moins sensible, souvent très à l’écoute, et capable d’une grande empathie – à sa façon.

Alors, catharsis ou dépendance ?

Évidemment, il faut garder l’équilibre. Se réfugier trop longtemps peut isoler davantage. Mais la question n’est pas de diaboliser, c’est de comprendre. Pourquoi on y revient. Pourquoi ça fait du bien. Et comment cette culture, loin d’être futile, aide énormément de gens à tenir le cap émotionnellement.

Et si, au lieu de traiter les geeks comme des marginaux, on reconnaissait que leur monde est peut-être une réponse – une réponse différente, mais valable – à un monde trop rapide, trop flou, trop bruyant ?


Pour creuser un peu plus :

7 commentaires
un fureteur
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J'aime beaucoup l'article. Suite aux décès de mes grands parents pendant le covid j'ai fais une grosse dépression. Et je m'étais totalement réfugier dans le monde virtuel des romans de la tour sombre de Stephen King entre autre. J'ai passé plusieurs semaines seul dans ma chambre à lire. Jusqu'à ce que ma copine vienne me parler. Ça a été ma façon de ne pas penser à ce que signifier ces décès de ne pas affronter la réalité.
Machin
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Clairement, l'étiquette geek a été beaucoup stigmatiser. Mais au fond, les gens n'assumait pas leur côté geek et / ou il l'ignorait sans le savoir.

ca permet de s'évader, de déconnecter et clairement cette bulle est un havre de paix
Un témoin
()
Pour moi, c'est vraiment important. J'ai littéralement plongé dans les jeux vidéos pour échapper à ma vie, au monde qui m'entourait et encore plus à l'adolescence. Ça m'a beaucoup aidé à m'ouvrir et à avoir un semblant de vie sociale car je n'ai jamais été spontanément vers les gens en dehors de ça.
Un témoin
()
La tour sombre, très bon choix. Y a pire comme isolement :)

Perso, avec la SEP comme partenaire imposée et quotidienne dans ma vie, les jeux vidéos, c'est le seul truc que j'arrive encore à faire (pour le moment). J'ai fait une croix sur plein de trucs dans ma vie, déjà (les sorties dans les bars, les concerts fréquents), me reste plus que le JV...

(Et la lecture et la musique mais bon... Seul chez soi, c'est pas l'même)
Un Observateur
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J'ai aussi fait une croix sur le sexe et les relations amoureuses d'ailleurs (c'est chiant... j'ai plus non plus les emmerdes qu'il peut y avoir avec... Mais bon... Hein...)
Un gars
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Sujet un peu touchy non ^¨^ ?

Après je crois que c'est la question de la création culturelle en général.
Un truc cohérent, où les gentils finissent par gagner face à l'empire, ou il se passent des trucs intéressants, où la magie opère parfois...

Alors là, non, ch'comprends vraiment pas pourquoi, à notre époque, un mec seul avec un boulot de merde dans un monde littéralement en train de cramer sans espoir, pourrait être tenté de geeker sauvagement la culture.

Nan ces gens là faut les soigner : qu'ils ouvrent les yeux sur la magnificence du techno-capitalisme industriel et de ses lendemains qui chantent dès aujourd'hui, auxquels dans leur folie ils préfèrent l'infantilisme de ces mondes fantasmés !

Trololo gnif-gnif :)) !
Truc
()
Je viens de regarder ibelin sur Netflix, cela me laisse perplexe sur de nombreuses questions. Certains l'ont regardé ?
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