📖 Story - L'ennui numérique

Salut les geeks,

Il fut un temps où chaque minute passée devant un écran était rare et précieuse. On ne "surfait" pas vraiment, pas comme aujourd’hui. Trouver une information, un article, un film ou même une chanson, c’était tout sauf automatique.

Aujourd’hui, tout est là. Un clic, un swipe, une commande vocale, et c’est servi. Films, séries, musiques, savoirs, jeux... Plus besoin de chercher longtemps, plus besoin de patienter. L’information vient à nous, parfois avant même qu’on sache qu’on la voulait. Et pourtant, on s’ennuie.

On saute d’une application à l’autre, d’une vidéo à l’autre, d’une réponse à l’autre, sans vraiment s’arrêter. Pas parce que tout est passionnant, mais parce qu’on peut. Parce qu’on a tout, tout de suite. On accumule sans savourer. On oublie aussi vite qu’on consomme.

Avant, il fallait se débrouiller. Si on voulait comprendre quelque chose, on ouvrait de vieux livres, on partait à la médiathèque, on feuilletait des magazines. Certains avaient la chance d’utiliser ce bon vieil Encarta sur CD-ROM (moment nostalgie), une révolution pour l’époque, mais rien n’était aussi instantané. Pas d’algorithmes pour prédire ce qu’on aimait. Pas d’intelligence artificielle pour résumer un livre ou faire un devoir en deux minutes.

Échanger, ce n’était pas un message instantané sur WhatsApp ou Discord (on avait quelques canaux de discussions mais pas à profusion comme aujourd’hui). C’était attendre une réponse par e-mail. Ou passer un coup de téléphone fixe en espérant que la ligne ne soit pas occupée. On ne synchronisait pas nos vies en permanence. On vivait des choses avant de les partager, pas l’inverse.

Découvrir, c’était chercher, rater parfois, recommencer souvent. Faire un exposé demandait plusieurs après-midis de recherches et de copier-coller manuels, pas trois requêtes sur ChatGPT. Retrouver un film voulait dire aller jusqu’à la vidéothèque et croiser les doigts pour qu’il ne soit pas déjà loué. Et je me souviens qu’on en louait tout plein chez moi. C’était une sortie assez fun d’ailleurs.

L’information n’était pas fluide, elle n’était pas omniprésente. Elle était rare.
Et parce qu’elle était rare, elle avait du goût.

Aujourd’hui, tout est devenu si accessible qu’on ne sait même plus quoi choisir. On sature, on zappe, on oublie. On a troqué l’effort contre l’abondance.

Alors on peut se demander : est-ce que cette accessibilité totale est vraiment une bonne chose ?
C’est vrai qu’on peut tout apprendre, tout explorer, sans limites. Mais est-ce qu’à force d’avoir tout à portée de clic, on n’a pas perdu l’envie de creuser, d’aller plus loin ?

Est-ce qu’on n’est pas devenus un peu feignants, finalement ?
Quand tout est instantané, est-ce qu’on développe encore vraiment notre patience, notre curiosité, notre esprit critique ? Ou est-ce qu’on se contente de survoler sans jamais s’arrêter ?

Et puis, dans cet océan d’informations, est-ce qu’on ne finit pas par parler pour ne rien dire ?
À force d’avoir accès à des millions d’articles, de vidéos, de posts, combien de fois on répète des choses sans jamais les vérifier vraiment ? Combien de fois on partage sans comprendre ?

La désinformation est partout, portée par la même facilité d’accès qui nous semblait être une bénédiction.
Aujourd’hui, chacun peut s’improviser expert en deux minutes. Est-ce qu’on sait encore faire la différence entre savoir et opinion ?

Peut-être que cette abondance numérique est à double tranchant.
Peut-être qu’elle nous donne des outils fantastiques, mais qu’elle nous enlève aussi quelque chose d’essentiel : l’envie d’aller chercher, de douter, de construire notre propre réflexion.

Alors oui, c’est confortable. Oui, c’est grisant.
Mais est-ce que ce n’est pas aussi un piège ?

Et vous, vous en pensez quoi ?