Une jolie petite histoire automnale

Un article de Fantomas-2
Publié le 28/10/2025
Dans la section #LIFE
Article public d'intéret général
46 visiteurs
39 points
4 participants
39 points POUR
0 point CONTRE
 
Conforme ou séditieux?

Au travers du manteau mordoré des arbres de la forêt, percent quelques rayons rasants indiquant le crépuscule prochain.

Une certaine langueur plane dans l’air. Les nuées de la journée s’apprêtent à laisser le peuple de la nuit reprendre son territoire. C’est dans ce contexte changeant que notre héroïne, Frisette, petite chatte sauvage, émerge de sa longue sieste, s’étire, baille, s’étire un peu plus, puis se redressant en se léchant les babines, se rend compte qu’il commence faire faim. Alors, étant pragmatique, Frisette part en quête d’un petit déjeuner.

De tous les prédateurs de la forêt, Frisette est probablement la plus nonchalante. Laisser les autres faire le travail et tirer les marrons du feu, voilà un mantra qui lui conviendrait parfaitement, si seulement les marrons c’était mangeable. Et chasser, c’est tellement, mais tellement, fatiguant. C’est bien simple, rien que d’y songer, Frisette retournerait bien faire la sieste. Mais il fait toujours faim. Fort heureusement, Frisette est prévoyante : elle gîte à proximité de la petite marre de la forêt, petite mare qui regorge d’insouciants en-cas en devenir. Frisette s’élance donc vers la mare d’un pas mesuré, discret et décidé comme seuls les félins savent le faire.

Lorsque, comme Frisette, l’indolence vous habite à tel point qu’il est propulsé style de vie, vous apprenez vite à observer les alentours, à l’affût de tout raccourci qui vous détournerait de l’effort. Et une des merveilles de la vie en forêt, c’est qu’il y a tout plein de bestioles qui sont ravies de faire tout pleins d’efforts pour que votre repas vous tombe tout cuit dans le bec. En l’occurrence, c’est plutôt le repas qui aurait un bec, mais vous avez compris. Après quelques coups d’œil furtifs, Frisette trouve ce qu’elle cherchait, juste en bordure de la mare : un pissenlit en train de se fermer pour la nuit.

Et oui, les pissenlits se ferment la nuit, le sachiez-vous?

Alors oui, comme ça de but en blanc, vous vous dites "Mais qu’est-ce qu’un chat peut bien vouloir à un pissenlit?". La réponse est simple : rien. Du moins pas directement. Car non loin du pissenlit, juché sur une herbe basse, attendant patiemment son heure, se trouve la chenille Fáfnir. Et Fáfnir aime bien les pissenlits. Et Frisette sait que Fáfnir aime bien les pissenlits. Mais pas quand ils sont fermés, c’est moins bon. Mais le temps est à l’orage. Et si jamais, par un incroyable tour du destin, une goutte venait à tomber sur le pissenlit, alors Fáfnir se précipiterait, et, goulûment , se délecterait des pétales fraîchement rouverts. Et ça, Frisette le sait.

Et il n’y a pas que Frisette qui le sait. Non loin de Fáfnir, caché derrière une feuille, se tient le scarabée Hodor. Et Hodor, il sait que, si jamais, par un incroyable tour du destin, une goutte venait à tomber sur le pissenlit, alors Fáfnir se précipiterait, et, goulûment, se délecterait des pétales fraichement rouverts. Et alors, profitant de l’inattention de Fáfnir, Hodor se jetterait sur Fáfnir et, non moins goulûment, se délecterait de ce repas si facilement acquis. Et ça, Frisette le sait aussi.

Et il n’y a pas que Frisette qui le sait. Un peu plus loin, sagement repliée sur une souche, se trouve la mimi petite araignée Ungoliant. Et Ungoliant, elle sait que, si jamais, par un incroyable tour du destin, une goutte venait à tomber sur le pissenlit, alors Fáfnir se précipiterait, et, goulûment, se délecterait des pétales fraîchement rouverts. Et alors, profitant de l’inattention de Fáfnir, Hodor se jetterait sur Fáfnir et, non moins goulûment, se délecterait de ce repas si facilement acquis. Et alors, prospérant sur l’insouciance de Hodor, Ungoliant lui bondirait sur le scarabée et, non moins goulûment, se délecterait de ce délice chemisé de chitine. Et ça, Frisette le sait également.

Et il n’y a pas que Frisette qui le sait. Un peu plus haut, sur un arbre perché, très attentif à tout cela, niche le rouge-gorge Gérard. Et Gérard, il sait que si jamais, par un incroyable tour du destin, une goutte venait à tomber sur le pissenlit, alors Fáfnir se précipiterait, et, goulûment, se délecterait des pétales fraîchement rouverts. Et alors, profitant de l’inattention de Fáfnir, Hodor se jetterait sur Fáfnir et, non moins goulûment, se délecterait de ce repas si facilement acquis. Et alors, prospérant sur l’insouciance de Hodor, Ungoliant lui bondirait sur le scarabée et, non moins goulûment, se délecterait de ce délice chemisé de chitine. Et alors, dans un bruissement de plumes, Gérard fondrait sur Ungoliant, et d’un coup de bec chirurgical, emporterait Ungoliant pour, non moins goulûment se délecter de cette caresse à huit pattes dans le gosier. Et ça, Frisette le sait parfaitement.

Car Frisette, de sa cachette, a bien compris que si jamais, par un incroyable tour du destin, une goutte venait à tomber sur le pissenlit, alors Fáfnir se précipiterait, et, goulûment, se délecterait des pétales fraîchement rouverts. Et alors, profitant de l’inattention de Fáfnir, Hodor se jetterait sur Fáfnir et, non moins goulûment, se délecterait de ce repas si facilement acquis. Et alors, prospérant sur l’insouciance de Hodor, Ungoliant lui bondirait sur le scarabée et, non moins goulûment, se délecterait de ce délice chemisé de chitine. Et alors, dans un bruissement de plumes, Gérard fondrait sur Ungoliant, et d’un coup de bec chirurgical, emporterait Ungoliant pour, non moins goulûment se délecter de cette caresse à huit pattes dans le gosier. Il ne resterait alors à Frisette que de sauter sur Gérard pile au moment où son attention serait accaparé par Ungoliant, s’en saisir de ses crocs, et, après quelques minutes de jeu, non moins goulûment, se délecter de ce cadeau littéralement tombé du ciel.

Encore faudrait-il que l’eau tombe du ciel... Alors Frisette, Roger, Ungoliant, Hodor et Fáfnir attendent. Chacun fixé sur sa proie, sans avoir conscience de leur propre statut de proie, ils patientent, dans le crépuscule naissant, sans laisser la disparition des dernières raies de lumière les distraire, ils sont prêts. Or soudain, par un incroyable tour du destin, la pluie. D’abord éparse, puis plus soutenue, l’eau se répand sur la forêt qui s’endors.

Une goutte finit par tomber sur le pissenlit. Alors Fáfnir se précipite, et, goulûment, se délecte des pétales fraîchement rouverts. Et alors, profitant de l’inattention de Fáfnir, Hodor se jette sur Fáfnir et, non moins goulûment, se délecte de ce repas si facilement acquis. Et alors, prospérant sur l’insouciance de Hodor, Ungoliant lui bondit sur le scarabée et, non moins goulûment, se délecte de ce délice chemisé de chitine. Et alors, dans un bruissement de plumes, Gérard fond sur Ungoliant, et d’un coup de bec chirurgical, emporte Ungoliant pour, non moins goulûment se délecter de cette caresse à huit pattes dans le gosier. Et alors, Frisette s’élance, glisse, se loupe et se viande lamentablement dans la marre.

Moralité

Plus les préliminaires sont longs, plus la chatte est mouillée.

4 commentaires
LeDétective
()
Mais cette conclusion 🤣😅
J'ai tout lu, j'ai aimé le style et puis j'ai évidemment ri en lisant la moralité 😅

Merci pour cette histoire d'automne.
Machin
()
Merci ! Franchement, est-ce que vous avez déjà vu une Ungoliant aussi mimi ? 🕷️🕸️😻
Un Intrus
()
C'est rigolo 😂
Le surveillant
()
Si frisette n'habitait pas en France, elle aurait trouvé un prédateur qui aurait su profité de sa maladresse...

Merci pour ce récit éducatif et ludique sur la chaîne alimentaire.
(Vous n'avez pas (encore) les droits nécessaires pour répondre à cet article)
© 2003-2025 PaRaNo • Les CGU • Réseau Social Discret • Jour/Nuit