Mon psy me parle d’impersonnalisation : qu’est-ce qu’il veut me dire ?
En séance, il arrive que votre psy prononce des mots qui paraissent mystérieux, presque techniques. Parmi eux, celui d’impersonnalisation intrigue souvent. On se demande : « Mais de quoi parle-t-il exactement ? Est-ce que ça veut dire que je deviens fou ? » Rassurez-vous : l’impersonnalisation est une expérience psychique connue, parfois déstabilisante, mais qui peut se comprendre et se travailler.
Une expérience étrange mais fréquente
L’impersonnalisation se traduit par le sentiment de ne plus se reconnaître dans ses propres pensées, ses émotions ou ses gestes. On se sent « à côté » de soi, étranger à son identité intime.
👉 Exemple : vous vous surprenez à dire une phrase et, immédiatement après, vous avez l’impression que ce n’est pas vraiment vous qui avez parlé. Ou bien, en vous regardant dans le miroir, vous reconnaissez votre visage, mais vous avez la sensation que cette personne n’est pas tout à fait vous.
Ce vécu peut être ponctuel, dans des périodes de fatigue ou de stress, ou plus durable quand il est lié à des troubles psychiques.
Dépersonnalisation et impersonnalisation : une nuance subtile
On confond souvent les deux, et votre psy peut prendre le temps de préciser la différence :
- La dépersonnalisation : on a l’impression de se voir agir « de l’extérieur », comme si l’on assistait à sa propre vie. Exemple : marcher dans la rue et avoir l’impression de regarder son corps bouger sans être totalement dedans.
- L’impersonnalisation : le vécu porte sur la perte d’identité personnelle. Exemple : rire avec ses amis mais avoir l’impression que ce rire n’est pas le sien, comme si une part de soi ne correspondait plus.
Dans les deux cas, il s’agit de phénomènes dissociatifs : l’esprit, pour se protéger, crée un décalage entre soi et son vécu.
Quand cela arrive-t-il ?
Plusieurs situations peuvent favoriser l’apparition de l’impersonnalisation :
- Le stress ou l’angoisse intense : lors d’un examen, d’un conflit, ou après une longue période d’insomnies.
- Les traumatismes : certaines personnes rapportent avoir vécu de l’impersonnalisation après un accident, une agression, ou un deuil brutal.
- Les troubles anxieux ou dépressifs : l’épuisement psychique peut altérer la façon dont on se perçoit soi-même.
- La fatigue extrême : par manque de sommeil ou surcharge de travail, le cerveau « décroche » et crée ce sentiment d’étrangeté.
👉 Exemple : un étudiant, en pleine période de révisions, peut raconter qu’il se sent « robotisé », qu’il apprend et récite sans vraiment se reconnaître dans ses paroles.
Pourquoi mon psy en parle ?
Si votre thérapeute met ce mot sur la table, ce n’est pas pour vous enfermer dans un diagnostic compliqué. C’est pour nommer une expérience que beaucoup vivent en silence, souvent avec honte ou peur de « devenir fou ».
Mettre des mots dessus permet de :
- Dédramatiser : ce n’est pas un signe de folie, mais un mécanisme psychique reconnu.
- Explorer : comprendre quand cela survient, dans quelles situations, et avec quelles intensités.
- Travailler dessus : chercher comment réduire ce vécu et retrouver du lien avec soi-même.
Comment la thérapie peut aider ?
Votre psy ne va pas vous dire « arrêtez d’être impersonnalisé » (ce serait bien trop simple !), mais plusieurs axes de travail existent :
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Accueillir l’expérience
Reconnaître que ce sentiment est là, sans le juger. Beaucoup de patients disent : « Ça me rassure de savoir que ça existe, que je ne suis pas seul à vivre ça. » -
Analyser les déclencheurs
Est-ce que cela apparaît dans les moments de fatigue, d’angoisse, ou après une dispute ? -
Se réancrer dans le corps
- Techniques de respiration et de relaxation.
- Exercices sensoriels (se concentrer sur une odeur, une texture, un goût).
👉 Exemple : manger un carré de chocolat en se focalisant uniquement sur sa saveur et sa texture peut aider à « revenir à soi ».
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Redonner du sens
Comprendre que l’impersonnalisation est souvent une protection du psychisme : l’esprit se met à distance pour ne pas être envahi par l’angoisse ou la douleur.
Ce qu’il faut retenir
L’impersonnalisation n’est pas une folie, mais un signal psychique. Elle indique qu’à un moment donné, l’esprit est sous tension et cherche à se protéger. C’est une manière de « couper le son » un instant pour éviter la saturation émotionnelle.
Cela peut être inconfortable, angoissant, voire déroutant. Mais c’est aussi un point d’appui en thérapie : parler de ce vécu, l’explorer, apprendre à se réancrer permet de retrouver progressivement le sentiment d’être soi, dans sa continuité et dans son histoire.
👉 En bref : quand votre psy vous parle d’impersonnalisation, il ne vous dit pas que vous êtes fou. Il essaie de mettre en lumière un phénomène connu, que l’on peut comprendre, apaiser et dépasser.
J'ai parfois l'impression d'être dans l'impersonnalisation quand je rigole ou dis qqch pour rire mais pas souvent .. en tout cas j'aime me concentrer sur ce que je fais , ça doit aider à l'éviter.
https://www.implications-philosophiques.org/westworld-politique-de-la-serie-televisee/
Quand on utilise un outil, on l'utilise sans y réfléchir. Un enfant apprend. N'est-ce pas la même chose ?
