La photographie d'urbex !
Il est difficile de donner une définition précise de l’urbex, car il s’agit d’une pratique relativement récente. À travers nos recherches, nous avons sélectionné plusieurs définitions afin d’en proposer une vision générale et la plus complète possible. Cependant, chacun a sa propre approche et perception de cette discipline artistique.
L’urbex, abréviation de Urban Exploration (« exploration urbaine »), est une pratique qui consiste à visiter des lieux construits et abandonnés par l’homme, ou inaccessibles au public.
Les personnes qui pratiquent l’urbex sont appelées urbexeurs ou urbexeuses. Cette pratique est apparue dans les années 1970, avec la désindustrialisation, puis s’est développée dans les années 1980-1990. Dans les années 2000, avec l’essor d’Internet, l’urbex s’est davantage répandu, tout en restant une activité relativement secrète. Aujourd’hui, il attire de plus en plus de photographes et d’aventuriers qui explorent des lieux variés : métros désaffectés, chantiers interdits, hôpitaux abandonnés…
Durant la crise sanitaire liée au Covid-19, la pratique de l’urbex a connu un essor considérable. Confrontées aux restrictions, de nombreuses personnes ont recherché des activités de plein air, souvent en petits groupes. Cette popularisation a malheureusement entraîné certaines dérives.
L’urbex ne se limite pas aux environnements urbains : qu’ils soient situés en pleine mégalopole ou en pleine campagne, les lieux explorés partagent un point commun : ils sont inaccessibles au grand public. Pratiquer l’urbex, c’est entrer dans des endroits où l’on n’est pas censé être, souvent interdits d’accès en raison de leur état d’abandon ou de leur dangerosité.
Bien que l’urbex soit souvent associé à la photographie, il n’est pas indispensable de prendre des clichés pour pratiquer cette activité. Toutefois, la photographie a largement contribué à sa popularisation, notamment avec l’essor des réseaux sociaux.
L’urbex se décline en plusieurs pratiques spécifiques.
- La toiturophilie : exploration des toits des villes.
- La cataphilie : exploration des catacombes et des souterrains (anciennes carrières, tunnels…).
- L’infiltration : exploration de lieux interdits d’accès, mais toujours en activité (usines en fonctionnement, bâtiments en cours de construction…).
Cette liste n’est pas exhaustive : l’urbex peut inclure toute forme d’exploration de lieux interdits au public.
L’urbex s’apparente parfois à une forme de « tourisme de l’abandon ». Certains opérateurs touristiques proposent des visites guidées de lieux abandonnés, mettant en avant l’attrait esthétique de la ruine contemporaine.
Quelques exemples notables :
- le site de Tchernobyl, devenu une destination prisée pour les amateurs de friches abandonnées ;
- le safari urbain de Charleroi, qui propose une découverte des sites désaffectés de la ville (https://www.charleroiadventure.com/).
Pratiquer l’urbex, c’est être hors du temps, explorer des lieux mystérieux, ressentir l’adrénaline de l’interdit, jouer à se faire peur. C’est aussi développer une curiosité historique, imaginer le passé du lieu et le sublimer à travers l’art ou la photographie.
L’urbex dans les dictionnaires
Le mot urbex a récemment fait son entrée dans plusieurs dictionnaires. Voici trois définitions correspondant à la pratique de Sabine Coulon et Jérôme Van Quaethem.
- Selon Le Robert
Nom masculin ou féminin, anglicisme. Activité qui consiste à explorer des lieux abandonnés normalement interdits au public.
- Selon Wikipédia
L’exploration urbaine, abrégée de l’anglais Urban Exploration (UrbEx), consiste à visiter des lieux construits et abandonnés par l’homme ou inaccessibles au public. L’explorateur urbain est communément désigné par le néologisme « urbexeur ».
L’historien Nicolas Offenstadt définit l’urbex comme une visite sans autorisation et sans but lucratif de lieux abandonnés. La communauté urbex suit un code de conduite visant à préserver les lieux en dissimulant leurs adresses afin d’éviter leur dégradation par des casseurs ou des voleurs.
Cette pratique inclut : la visite de manoirs, écoles, entrepôts désaffectés, hôpitaux… ; l’exploration de lieux interdits tels que les tunnels de métro, les catacombes ou les rooftops ; une connexion avec certaines pratiques sportives comme l’escalade ou le parkour. Aujourd’hui, certains lieux d’urbex se transforment en attractions touristiques, notamment à Berlin, Görlitz ou Détroit .
- Selon Orthodidacte
L’urbex consiste à visiter des bâtiments abandonnés tels que des friches industrielles, anciennes usines, entrepôts, écoles, hôpitaux, châteaux ou maisons.
Ces lieux sont désaffectés, parfois laissés en l’état, ou destinés à la démolition. Leur accès est en général interdit au public, et les explorateurs courent un risque juridique. L’urbex est une pratique clandestine, qui se fait souvent de nuit et en toute discrétion. Les adeptes ne dévoilent jamais la localisation de leurs découvertes afin de protéger ces lieux de la détérioration.
Les motivations des urbexeurs sont variées : documenter les lieux à travers la photographie, rechercher l’adrénaline de l’exploration, s’imprégner de l’ambiance et revivre l’histoire des lieux oubliés.
Ma vision de l’urbex
Pour moi, l’urbex est avant tout un témoignage. À travers la photographie, je cherche à figer un passé révolu et à conserver des traces de lieux voués à disparaître. C’est aussi une manière d’imaginer les vies et les histoires qui les ont animés.
Lors de mes explorations, je ne suis jamais seul, car ces lieux représentent souvent des dangers potentiels. Nous sortons en petit groupe (2 à 5 personnes) : au-delà, cela devient moins discret et plus compliqué pour réaliser de belles prises de vue.
L’urbex, c’est aussi braver une certaine forme d’interdit, mais toujours dans le respect des lieux. Nous n’entrons que si un accès existe déjà (porte ouverte, fenêtre cassée…). Si aucune entrée n’est possible, nous repartons simplement.
Pour des raisons de sécurité, nous explorons toujours de jour. L’utilisation du flash est proscrite afin de rester discrets. Nous privilégions donc la pose longue dans les endroits sombres, même si les technologies actuelles nous offrent de nouvelles alternatives. L’urbex permet de repousser ses limites, mais il est primordial de ne jamais prendre de risques inutiles pour une photo. Les lieux en ruine restent imprévisibles. Lors d’une sortie dans une ancienne friche industrielle, j’ai traversé un escalier délabré… Heureusement, plus de peur que de mal.
En dix ans de pratique, j’ai eu la chance de rencontrer de nombreuses personnes. Certaines sont devenues des ami·es, ajoutant une dimension sociale à ma passion.
Enfin, en urbex, il faut connaître ses propres limites, mais aussi celles de ses compagnons. Parfois, on aide l’autre à repousser ses peurs ; d’autres fois, on tempère son audace.
La légalité de l’urbex en Belgique
Je reste juste sur la Belgique, ce que je maitrise mieux !
Voici une vidéo pour qui parle de l’urbex :
L’urbex est une pratique qui se situe dans une zone grise du point de vue légal. En Belgique, entrer dans un bâtiment abandonné sans autorisation est en principe interdit. Les urbexeurs ne sont pas mandatés par une autorité pour documenter ces lieux ; leur démarche reste donc strictement personnelle et, juridiquement, assimilable à une intrusion illégale. Cependant, il est tout à fait légal de photographier un site abandonné depuis l’extérieur, sans y pénétrer. Certains artistes ou réalisateurs ont également obtenu des autorisations officielles pour filmer ou photographier à l’intérieur de bâtiments désaffectés. Au-delà des questions de légalité, la pratique de l’urbex pose aussi un réel problème de sécurité :
- risque d’effondrement (murs, toits, escaliers…) ;
- présence de matériaux dangereux (amiante, produits chimiques…) ;
- inondations ou sols instables ;
- accidents liés à des structures en mauvais état.
Le cadre juridique actuel reste flou et ne permet pas de définir précisément les limites de cette pratique. Il est donc essentiel d’en discuter pour sensibiliser aux risques et aux responsabilités.
En Allemagne, nous pouvons avoir des amendes à payer directement sur place ; en France, être mis en garde à vue mais, comme dit précédemment, je ne suis pas un expert. Et je n’ai pas pris le temps de faire des recherches plus approfondie.
Malgré que cela soit interdit, il existe des règles/valeurs :
Voici les principales règles à respecter :
- informer une personne de confiance du lieu où l’on se rend ;
- se montrer discret, car certains lieux ne sont pas totalement abandonnés ;
- respecter le lieu et ses éléments, afin de le préserver et de le laisser intact le plus longtemps possible ;
- ne rien déplacer ni emporter. Si une mise en scène est réalisée, remettre tout en place avant de partir ;
- prendre uniquement des photos ou des vidéos ;
- éviter de partager massivement les adresses des spots afin de les préserver ;
- rester prudent, vigilant, responsable et conscient de son environnement ;
- explorer en petit groupe (2 à 5 personnes) et toujours savoir où se trouvent les autres membres ;
- n’entrer que dans des lieux accessibles, sans traces de vie ;
- demander une autorisation si nécessaire, tout en gardant l’emplacement secret. (Exemple : Loïc Nottet pour son clip Rhythm inside en 2015) ;
Préparer la sortie sous tous ses aspects :
- localisation et itinéraire,
- trousse de secours,
- vêtements et chaussures adaptés,
- lampe de poche, gants, provisions, sac à dos,
- matériel photographique chargé (appareil photo, caméra, téléphone, cartes SD, batteries, trépied),
- connaissance des risques potentiels du lieu visité. Comme dans toute communauté, certains adaptent les règles pour rechercher davantage de sensations fortes ou justifier certaines pratiques. Il est donc essentiel de bien comprendre les risques courus.
L’urbex à une devise : Ne rien laisser sauf des traces de pas, ne rien prendre mis à part des photos.
Pour moi, les dérives sont :
- L’urbex favorise les relations humaines et permet de faire des rencontres, voire de nouer des amitiés durables.
- Il développe l’esprit d’équipe, l’entraide et la collaboration entre explorateurs.
- Cette pratique affine les capacités d’analyse et de gestion des risques.
- Elle améliore les compétences en photographie grâce aux échanges entre passionnés.
- En diffusant ses clichés, le photographe partage un fragment d’histoire, un regard artistique sur le passé, le présent et la nature.
- Il peut aussi se faire connaître dans le milieu de la photographie.
Ces dérives :
- Vandalisme et vol : la médiatisation de certains lieux entraîne des pillages et des actes de vandalisme, généralement perpétrés par des personnes malintentionnées, et non par des urbexeurs.
- Violation de propriété : certains sites, bien que peu entretenus, ne sont pas réellement abandonnés.
- Perturbation du voisinage : la présence d’explorateurs peut déranger les habitants des alentours.
- Différences d’état d’esprit : tous les urbexeurs n’ont pas la même approche ni les mêmes valeurs. Certains privilégient la discrétion et le respect, d’autres recherchent l’adrénaline.
- Partage excessif des adresses : la diffusion massive d’un lieu accélère sa dégradation.
- Effet « Disneyland » : une trop grande médiatisation attire un public varié (familles, curieux…), rendant l’urbex plus risqué et moins authentique.
- Revendications et monétisation : certains explorateurs s’approprient les lieux, estiment avoir un droit de regard sur leur avenir ou vendent leurs adresses sur des plateformes spécialisées. Parfois, des gardiens exigent un « droit d’entrée », sans que cela légalise pour autant la pratique.
- Romantisation du danger : les médias et le cinéma embellissent parfois l’urbex, donnant une image faussée et attirant des personnes inconscientes des risques.
Ses risques :
- Mauvaises rencontres (pilleurs, voisins mécontents).
- Accidents (chutes, effondrements, blessures dues à la vétusté des lieux).
- Poursuites judiciaires (violation de propriété privée).
- Dangers environnementaux (exposition à des produits toxiques, amiante…).
- Sites industriels partiellement actifs (risques liés à la présence de machines en fonctionnement).
- Le fait de se retrouver enfermé dans un lieu abandonné.
- Détérioration du patrimoine, de la faune et de la flore.
Divers
J’ai crée avec une autre photographe et le Centre Culturel de Havelange, une valise expos avec un dossier pédagogique autour de l’urbex et des photos afin de sensibiliser les élèves à cette discipline qui est de plus en plus répandue. Le but de cette expo valise est que l’exposition puissent voyager d’école en école mais pas que... Elle pourra voyager dans des maisons de jeune, dans d’autre centre culturel ...
Et vous, connaissez-vous l’urbex ?
L’avez-vous déjà pratiqué ?
Quel est votre point de vue, votre vision sur la question ?
Bref, je ne dis pas qu'il faut encourager la pratique, mais il ne faut pas non plus décourager ceux qui veulent s'y lancer mais plutôt les conseiller correctement.
C'était vers 2016-2017.... Le mec est juste parti en courant.
J'ai appeler security disant qu'il y avait un passage ouvert avec le risque qui en suit (dégradations, vols de cuivres, ...)
3 jours après il avaient bloqué l'accès totalement (grillage + plaque en bois). :)
J'adorerais en faire un (sans jamais oser, je le pense), le côté "historique" de la chose me plaît énormément, en revanche je n'apprécie pas trop le côté illégal et j'aurais du mal à m'introduire dans une propriété, même abandonnée...
