"Débat minute" Photographier, est-ce cautionner ?
Urbex
Lors de nos explorations urbaines, on découvre souvent des lieux marqués par le temps et par les hommes : bâtiments délabrés, murs recouverts de tags, signes de dégradation, parfois même des symboles violents comme des croix gammées.
Ces traces font partie intégrante de l’histoire du lieu, mais une question se pose : le fait de les photographier revient-il à les mettre en valeur, voire à les cautionner ?
Ou bien est-ce simplement témoigner de ce que l’on trouve, sans juger, pour garder une trace ?
Photo-reportage
Dans le cadre du reportage photo, la problématique est encore plus marquée. Lors d’événements comme des manifestations, des scènes de casse ou des épisodes de violence, le photographe se retrouve face à des images fortes, parfois choquantes. Est-ce que photographier ces moments, ce sont les légitimer ?
Ou au contraire, est-ce une façon nécessaire de documenter la réalité, même dans ce qu’elle a de plus brutal ?
Et finalement, le photographe doit-il choisir de ne capturer que ce qui l’inspire, ou bien tout ce qui raconte une vérité, aussi dure soit-elle ?
En somme, que ce soit dans l’urbex ou dans le reportage, où placer la limite entre le simple témoignage et le risque de donner une forme de visibilité — voire de légitimité — à ce qui est violent, dégradant ou choquant ?

Je disais donc pour l’urbex c’est beaucoup dans l’œil du spectateur qui a probablement une idée déjà faite sur le sujet. Même si évidemment on peut faire passer son ressenti par des accentuations de lumières pour sublimer ou au contraire accentuer un aspect lugubre, délabré ou decadent.
Pour le reportage photo par contre tu y a clairement une volonté politique. Quand on dit que les médias sont les chiens de garde du pouvoir c’est bien parce que tu peux sciemment ignorer et ne pas photographier certaines choses et ne mettre qu’en lumière celles qui t’intéressent. C’est un choix qu’on pose et dont on prend les responsabilités. C’est aussi un deal que chaque photographe fait avec sa conscience professionnelle et morale.
Je trouve cet article très intéressant. Chouette débat en perspective
Choisir, c'est renoncer. On fait des choix suivant une morale (qui peut ne pas être la nôtre) et on montre en assumant.
Je pense que le problème est plus profond : c'est ce que les spectateurs font de l'image (leur interprétation et les dérives que cela inspire) qui est dangereux.
La photo d'une scène violente était choquante pour une grande majorité de spectateurs il y a 20 ou 30 ans. Aujourd'hui, la violence est tellement banalisée qu'elle semble ne plus impacter tout le monde de la même manière. Et le nombre de personnes pour qui ces images sont plus inspirantes que rebutantes croit sans cesse.
Du coup, aujourd'hui, si l'intention du photographe n'est pas de cautionner, il inspire quand même malgré lui des individus dont les limites semblent avoir disparu.
Pour l'Urbex, j'y vois en premier lieu une dimension esthétique. Pas toujours facile de connaitre l'intention du photographe sans être dans sa tête même si on pense parfois comprendre ce qu'il a voulu montrer.
En parlant d'Urbex, si vous ne connaissez pas, je vous invite à jeter un oeil au travail de Romain THIERRY et sa série "Requiem pour pianos". Sur son site, il explique l'histoire des lieux où sont prises les photos. Graphiquement, je trouve ça vraiment superbe et l'histoire du lieu est toujours intéressante.
En ce qui concerne les médias, il est vrais que la ligne éditorial du journal joue beaucoup dans le choix de la photo. Certaines photos plus trash sont plus vendeur qu'une photo banale.
@Wawaa merci pour ton retour :-), Est-ce que l'intention du photographe est-elle toujours bonne ?
@trompette, c'est là tout l'enjeu de l'article, informer sans forcément cautionner. Ca me fait penser à ceci, Est-il nécessaire de préciser que nous ne cautionnons pas ?
@Jérôme, merci pour ton retour. Effectivement quid de la violation de propriété ... Les lois en France ne sont pas les même qu'en Belgique. Différence entre un paparazzi et un reporter ? Ca me donne des idées d'articles tout ça
@GuilleR, merci aussi pour ta réponse. De fait il faut voir qu'elle est la différence entre voyeurisme et information ! Après cela dépendra de tout en chacun.. Le voyeurisme d'information est vendeur dans pas mal de presse... C'est aussi un chouette article à faire aussi autour de ça.
@Erythion, merci à toi aussi. La photo, ce qu'elle montre à certainement évolué en 30 ans, les choses n'ont plus le même impact. Puis maintenant nous avons accès à plus de photo qu'a l'époque avec le numérique.
J'irai voir ou revoir son travail, son nom me dit vaguement quelque chose.
Après, doit-on omettre des détails parce qu'on aura toujours un abruti pour tourner les choses tel qu'il le souhaite ?
@GulliveR, une intention en photo peut aussi ouvrir le débat et le susciter, des fois mon intention est d'ouvrir de faire réagir