J'ai fait la photo de mes rêves !
J’ai fait LA photo de mes rêves… Oui, mais au péril de ma vie ! Vous allez comprendre pourquoi !
Ça faisait très longtemps que je rêvais de cet alignement. Certains attendent l’alignement des planètes, moi, j’attendais patiemment l’alignement de trois éléments importants pour moi et ma vie de photographe : les tournesols, un arbre et le pic du midi de Bigorre.
Je l’avais rêvé une fois. Imaginé. Je savais où j’irai. Je savais quel arbre - déjà photographié tant de fois - je voudrais. Mon spot était défini, ce sera dans ce champ qui longe une petite route de campagne à Arrouède, tout petit village du Gers où vivent mes parents. Vous savez, ces petites routes de campagne avec des touffes d’herbes en ligne centrale.
Mais je n’avais encore jamais vu de tournesols dans ce champ en particulier. Je m’étais même dit que ça n’arriverait jamais. Et puis, ces derniers jours, je reviens chez mes parents et je vois quoi ? Une vague de jaune au bon endroit et des tournesols juste superbes.
J’avais donc les tournesols et l’arbre, ce qui n’était vraiment pas suffisant ! Je voulais aussi la silhouette du Pic du Midi de Bigorre. Mais en été, c’est assez rare d’apercevoir les Pyrénées. Et puis, je les ai vues à l’horizon ! Ni une ni deux, j’ai préparé mon matériel. J’avais seulement oublié un paramètre important : la taille des tournesols et le fait que la route d’où je prends en général mon arbre avec le Pic est un peu en contrebas du champ. Je ne voyais donc absolument rien, même en étant sur la pointe des pieds, même en sautant. J’ai tenté le terrain d’en face, le bout du champ de tournesols, j’étais toujours trop petite.
J’ai failli renoncer, je vous le dis ! Mais je devais être en mode Parker Lewis qui ne renonce jamais (si t’as pas connu, c’est que t’as moins de 40 ans), alors je n’ai pas renoncé. Je me suis dit que j’allais bien trouver un escabeau dans le garage de mon papa. J’ai trouvé un truc à deux marches. Ça me paraissait suffisant.
Me voilà donc, avec un "escabeau" sous le bras et le boitier dans l’autre main, allant sur cette petite route. Je teste et reteste sur le bitume. Je monte avec appréhension sur la seconde marche de mon escabeau (oui, je ne suis pas un poids léger, je suis plutôt confite si tu vois ce que je veux dire). Toujours trop basse, j’ai un bout d’arbre et ça ne me suffit pas. Je transpire beaucoup et le soleil commence vraiment à chauffer. Mais je ne me décourage pas. Je tente un peu plus en hauteur au fond du champ mais… le cadrage ne me convient pas.
Je remarque alors qu’il y a comme un chemin entre les deux premières rangées de tournesols. J’y vais avec mon escabeau et je trouve le spot. Je tente. Je monte une marche, mais pas deux. La terre est meuble, je ne me vois pas expliquer aux pompiers comment je me suis retrouvée dans cette situation.
Ce n’est pas encore là... J’avance un peu, j’y crois. Je monte sur la première marche et « Ho ! Voilà, je l’ai mon alignement ! », le 150-600 mm et son 1.5 kg à bout de bras…
D’aucun.e.s diraient que le flou de premier plan n’est pas nécessaire et gêne un peu le cadrage de la photo, mais personnellement, je trouve qu’au contraire ça montre bien que j’étais au milieu des tournesols, ce flou de premier plan raconte quelque chose, il est totalement intentionnel (en vérité, pas du tout, juste que je n’ai pas eu le cran de monter sur la seconde marche de peur de m’enfoncer dans la terre).
Soit, je suis très heureuse d’avoir pu vivre ce moment et encore plus de l’avoir vu que de l’avoir photographié, car je sais que c’est absolument exceptionnel. Alors voilà, j’ai fait la photo de mes rêves, elle n’est pas parfaite, je le sais, mais elle transpire mon bonheur et ma satisfaction !

Très jolie photo en effet.
Je voulais dire , avec le rêve au début !
🤣
Je ne me prononce pas sur la photo parce que les néophytes comme moi ont une fâcheuse tendance à se laisser berner par le sujet. Dans le sens qu'ils évaluent l'objet de la photo plus que la photo elle-même. Exemple : A moins d'un gros raté (défaut de cadrage, flou accidentel, défaut de luminosité, etc), on part du principe que la vue extraordinaire d'un paysage fera forcément une belle photo puisqu'indépendamment du cliché, le sujet visé constitue déjà un émerveillement en soi. Bien évidement, les experts s'indigneront contre cette erreur de jugement mais elle est représentative de notre rapport au monde et notre rapport à la beauté.
Merci pour ce partage d'expérience. L'anecdote fait sourire. ;)
La photo est magnifique.