Billet d'humeur : Et si au lieu de parler de charge mentale, on parlait plutôt de charge émotionnelle ?

Un article de Fantomas-2
Publié le 07/11/2025
Dans la section #Psychologie
Article public d'intéret général
99 visiteurs
22 points
4 participants
22 points POUR
0 point CONTRE
 
Conforme ou séditieux?

On parle beaucoup de charge mentale. Tu sais, cette fameuse liste invisible qui clignote quelque part entre nos oreilles. Elle ne s’arrête jamais. Elle est là sous la douche ("il reste combien de lessives ?"), dans le lit ("il faut que je prenne rendez-vous chez le dentiste"), au bureau ("j’ai oublié de signer le carnet du petit !"), et même pendant une sortie censée être agréable ("est-ce qu’on a bien fermé la fenêtre de la cuisine ?").

Mais au fond, ce n’est pas tant cette to-do list permanente qui épuise. Ce qui pèse, vraiment, c’est la charge émotionnelle. Parce que la tâche en elle-même, soyons honnêtes, n’est pas insurmontable : mettre une machine de linge, ça prend deux minutes. Ce qui épuise, c’est l’émotion qui se colle à la tâche.

Prenons un exemple tout simple : préparer le sac pour l’école. En apparence, ce n’est que quelques affaires à glisser dans un cartable. Mais derrière, il y a :

– la peur que ton enfant se sente mal s’il a oublié ses affaires,
– la crainte du petit mot agacé dans le cahier : "Merci de penser à mettre la tenue de sport",
– la culpabilité qui s’installe aussitôt : "Je suis vraiment un mauvais parent, j’aurais dû être plus attentif."

Et c’est pareil pour mille petites choses.
"Appelle ta mère" n’est pas juste une case à cocher. C’est aussi la boule au ventre avant de décrocher, parce que tu sais qu’il y aura peut-être des reproches, des silences lourds ou des phrases qui piquent.
"Préparer le dîner" n’est pas seulement sortir des pâtes et une sauce tomate. C’est aussi la petite voix intérieure : "Encore un repas pas très équilibré… Tu pourrais faire mieux."
"Répondre au mail du boulot" n’est pas simplement taper trois lignes. C’est aussi l’angoisse de donner une mauvaise impression, d’être jugé pas assez rapide ou pas assez impliqué.

Au final, ce n’est pas la liste qui nous met à plat. C’est la charge affective, intime, invisible, qui accompagne chaque ligne.

Et là où ça devient pernicieux, c’est que cette charge émotionnelle est difficile à déléguer. On peut partager les courses, le ménage, les rendez-vous… Mais qui peut porter, à ta place, ton sentiment de culpabilité, ton anxiété ou ton besoin de reconnaissance ?

Je me surprends parfois à faire la comparaison suivante :
– La charge mentale, c’est la liste de courses.
– La charge émotionnelle, c’est la honte de rentrer sans le bon paquet de biscuits parce que "c’était ceux que les enfants attendaient".

Ce sont des détails, mais accumulés jour après jour, ils épuisent plus sûrement que dix heures de ménage.

Alors, quand on dit "j’en peux plus, j’ai trop de charge mentale", on devrait peut-être compléter par : "…et surtout trop de charge émotionnelle." Parce que oui, la liste peut s’alléger en cochant ou en déléguant. Mais l’émotion, elle, reste coincée tant qu’on ne la regarde pas en face.

Alors, la vraie question n’est peut-être pas "comment mieux gérer ma to-do list ?" mais plutôt "comment je prends soin de moi dans ce que cette liste déclenche chez moi ?"

Parce que ce n’est pas tant d’oublier les yaourts qui nous fait pleurer en fin de journée, mais de sentir qu’on a encore failli à une attente.

Pas tant de devoir rappeler EDF, mais de se dire qu’on n’est jamais tranquille.
Pas tant de penser pour tout le monde, mais de se sentir seul dans cette responsabilité invisible.

Au fond, le jour où on commencera à parler de charge émotionnelle avec autant d’attention qu’on parle de charge mentale, peut-être qu’on acceptera enfin de dire : "Je suis fatigué, pas parce que j’ai trop de choses à faire… mais parce que j’ai trop de choses à ressentir."

Et ça, crois-moi, ça change tout.

3 commentaires
Machin
()
C'est difficile de faire comprendre justement aux autres, cette différence. Tu as donné un parfait exemple avec la machine à laver ahah. 😂😭
Un gars
()
Oui c'est beaucoup d'émotions a ressentir surtout quand on pense que ce n'est jamais assez bien comme on le fait.

Dur d'être perfectionniste Moral envers soi même. C'est a travailler.
LeDétective
()
Merci pour tes textes qui m'amènent tjs à réfléchir dessus.
(Vous n'avez pas (encore) les droits nécessaires pour répondre à cet article)
© 2003-2025 PaRaNo • Les CGU • Réseau Social Discret • Jour/Nuit