Quand on se rappelle d'un traumatisme : le retour du refoulé

Un article de Fantomas-2
Publié le 09/09/2025
Dans la section #Psychologie
Article public d'intéret général
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Le retour du refoulé : pourquoi il peut être plus dangereux que le traumatisme initial

En psychanalyse, le refoulement est un mécanisme de défense qui consiste à enfouir un souvenir, une émotion ou un événement traumatisant dans l’inconscient, afin de se protéger psychiquement.

Mais ce qui est refoulé ne disparaît pas : il reste actif, invisible, et peut resurgir de façon brutale, souvent des années plus tard. C’est ce que l’on appelle le retour du refoulé.

Pourquoi c’est parfois plus dangereux que le traumatisme en lui-même

Lorsqu’un traumatisme survient, le choc initial est souvent intense, mais il est lié à un contexte précis et peut parfois être immédiatement entouré (secours, proches, professionnels).

En revanche, le retour du refoulé survient hors contexte, sans prévenir, parfois dans une période de vulnérabilité. Il peut déclencher :

  • Des angoisses massives, incompréhensibles pour la personne.
  • Des symptômes physiques (palpitations, douleurs, tremblements…).
  • Des conduites d’évitement ou d’auto-agression.
  • Une sensation d’être « envahi » par des images, des sensations ou des émotions brutes.

Ce décalage entre l’événement initial et sa remontée crée un effet de double choc : celui du souvenir, et celui de l’absence de préparation.

Winnicott et l’environnement suffisamment bon

Donald Winnicott, pédiatre et psychanalyste britannique, a beaucoup insisté sur l’importance d’un “environnement suffisamment bon” dans le développement psychique.
Selon lui, un environnement sécurisant dans l’enfance, capable de contenir et de transformer les émotions de l’enfant, permet à celui-ci de construire un faux-self sain, c’est-à-dire une adaptation souple au monde extérieur.

Lorsque cet environnement est défaillant (carences affectives, insécurité, violences…), certaines expériences émotionnelles ne trouvent pas de lieu où être intégrées. Elles sont alors refoulées et stockées à un niveau primitif de l’appareil psychique.

Pour Winnicott, le danger n’est pas seulement le souvenir lui-même, mais l’absence de holding (capacité de l’environnement ou du thérapeute à contenir la détresse) au moment où ce souvenir refait surface.

C’est ce qui rend le retour du refoulé si violent : l’individu n’a pas encore, seul, la structure interne suffisante pour tenir ce qui revient.

💡 En clair : Sans un cadre sécurisant, la remontée d’un souvenir refoulé peut être vécue comme un nouvel abandon ou une nouvelle agression, réactivant la blessure initiale.

Comment reconnaître un retour du refoulé

Certains signes peuvent alerter :

  • Reviviscences soudaines ou flashs d’images.
  • Montées d’angoisse sans raison apparente.
  • Sensations corporelles inhabituelles (oppression, chaleur, vertiges…).
  • Rêves ou cauchemars à thème répétitif.

💡 Astuce : Le corps parle souvent avant la conscience. Les tensions inexpliquées ou les symptômes somatiques peuvent être un indice.

Outils pour verbaliser rapidement en attendant une prise en charge

Si un retour du refoulé se manifeste, l’idéal est de ne pas rester seul et de mettre des mots dessus, même si cela semble confus.

  1. La verbalisation immédiate

    • Dire à voix haute ce qui se passe : « Je ressens une peur qui n’a pas de lien avec le présent » ou « Je revois une scène qui me met mal ».
    • En parler à une personne de confiance, même sans entrer dans les détails.
  2. L’écriture en mode “flux de conscience”

    • Prendre un cahier ou un support numérique.
    • Écrire sans se censurer pendant 5 à 10 minutes, tout ce qui vient, même incohérent.
    • Objectif : vider le trop-plein émotionnel et créer une trace qui pourra être retravaillée en thérapie.
  3. Ancrage sensoriel

    • Décrire mentalement 5 choses que l’on voit, 4 que l’on touche, 3 que l’on entend, 2 que l’on sent, 1 que l’on goûte.
    • Ramène à l’instant présent, apaise la panique.
  4. Respiration régulée

    • Inspirer sur 4 temps, bloquer sur 2, expirer sur 6.
    • Répéter jusqu’à ce que la tension baisse.
  5. Mise en sécurité rapide

    • Si possible, se mettre dans un environnement calme, s’éloigner des stimuli trop intenses, prévenir quelqu’un.

Pourquoi consulter rapidement

Ces outils sont des béquilles temporaires. Le retour du refoulé signale qu’un contenu psychique refoulé a trouvé une brèche pour remonter.
Un professionnel pourra :

  • Mettre du sens sur ce qui revient.
  • Encadrer la ré-exposition pour éviter une retraumatisation.
  • Offrir un holding thérapeutique, au sens winnicottien, permettant d’intégrer progressivement le souvenir ou l’émotion dans l’histoire de vie.

✏️ En résumé

Le retour du refoulé n’est pas une « simple réminiscence » : c’est une irruption potentiellement violente, qui peut déstabiliser bien plus que le traumatisme initial. Le reconnaître, le verbaliser et se mettre rapidement en lien avec un professionnel permet d’éviter que cette vague ne submerge totalement.

3 commentaires
Un gars
()
Merci pour les outils d’aide.
Un curieux
()
Intéressant si on est confronté un jour à cela merci 🙏
Bidule
()
Merci pour ces information :-)
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