Pourquoi le psy "fait semblant" de ne pas comprendre ou reformule à côté de la plaque
En séance, il arrive que le patient dise quelque chose de clair – du moins en apparence – et que le psy réponde… à côté. Une reformulation qui semble décalée. Une question qui n’a (apparemment) rien à voir. Ou, pire encore, l’impression qu’il "fait semblant" de ne pas comprendre ce qui est pourtant évident.
De l’extérieur, cela peut paraître frustrant, voire agaçant. Mais derrière cette impression se cache en réalité une intention thérapeutique très précise.
1. Créer un espace pour clarifier ce qui est implicite
Lorsque tu parles, tu sais ce que tu veux dire. Mais ce que tu veux dire et ce que l’autre comprend ne sont pas toujours identiques.
En "jouant" sur un malentendu ou en reformulant de manière légèrement erronée, le psy te pousse à corriger, préciser et mettre en mots ce qui était implicite.
💡 Pourquoi ? Parce que ce travail de précision oblige ton cerveau à ralentir et à organiser la pensée. On sort du "flou émotionnel" pour aller vers une construction plus claire, ce qui facilite la compréhension… pour toi, pas seulement pour lui.
2. Faire émerger ce qui se cache derrière les mots
Parfois, quand on raconte une situation, on choisit instinctivement certains détails et on en omet d’autres.
En reformulant différemment, le psy met en lumière un aspect que tu n’avais pas l’intention de souligner… mais qui est peut-être central.
🎯 Par exemple :
– Patient : "Ça m’énerve, il ne me répond jamais."
– Psy : "Donc, tu te sens ignoré ?"
→ Cela déplace la conversation de "il ne répond pas" vers "je me sens ignoré", ce qui ouvre la porte à un travail plus profond sur le ressenti et l’histoire personnelle.
3. Travailler sur les schémas de communication
Le psy peut volontairement “mal comprendre” pour refléter tes propres habitudes relationnelles.
Si, dans la vie, tu as souvent l’impression de ne pas être compris, cette répétition en séance permet de rejouer la scène en sécurité. Tu peux alors analyser :
– Comment tu réagis ?
– Est-ce que tu expliques plus ? Tu t’énerves ? Tu te renfermes ?
– Comment pourrais-tu faire différemment ?
Cela devient un terrain d’entraînement pour améliorer ta communication et ta tolérance à la frustration.
4. Décoller les couches de l’évidence
Dans la vie courante, beaucoup de choses semblent “aller de soi”.
En thérapie, on prend l’habitude de remettre en question ces évidences.
Quand le psy paraît "louper" une partie du message, il vérifie si cette partie est vraiment essentielle… ou si elle est un raccourci que tu utilises sans t’en rendre compte.
C’est un peu comme si on te demandait : "Ok, tu dis que c’est évident… mais explique-moi comme si je ne savais rien."
Cela oblige à revisiter le discours automatique et à voir ce qui se cache dessous.
5. Ce n’est pas de la provocation, c’est de la précision
Même si ça peut ressembler à un jeu ou à une provocation, le but n’est pas de t’énerver.
C’est un outil. Un levier.
La reformulation "à côté" ou la fausse incompréhension sont des moyens de travailler ensemble à mettre en lumière ce qui compte vraiment.
En réalité, c’est souvent dans ces moments de "non-compréhension" apparente que surgissent les prises de conscience les plus fortes.
💬 À retenir : Quand le psy "fait semblant" de ne pas comprendre, ce n’est pas un manque d’attention ou d’intelligence. C’est une stratégie pour t’amener à clarifier, préciser et approfondir ta propre parole. Et c’est parfois là, dans ce petit décalage, que tu te rends compte que tu viens de dire quelque chose d’important… sans même l’avoir prévu.
