Naît-on déjà avec ses traits de caractère et de personnalité ?

La question intrigue depuis longtemps : est-ce que notre façon d’être est inscrite en nous dès la naissance, ou bien se construit-elle entièrement au fil des expériences ? En d’autres termes, sommes-nous programmés pour être extraverti, anxieux ou consciencieux… ou est-ce l’environnement qui nous façonne ?

1. Caractère et tempérament : deux notions à distinguer

Pour y voir clair, les psychologues différencient deux grands aspects de la personnalité :

• Le tempérament, hérité en grande partie de notre patrimoine génétique, présent dès la naissance et relativement stable dans le temps.
• Le caractère, qui se développe tout au long de la vie, au gré de nos apprentissages, expériences et choix personnels.

Le tempérament se décline selon le modèle des Big Five :

1. Névrotisme (ou stabilité émotionnelle)
2. Extraversion
3. Ouverture à l’expérience
4. Agréabilité (coopération, empathie)
5. Caractère consciencieux (organisation, rigueur)

Ces cinq dimensions sont déjà là à la naissance… mais pas dans les mêmes proportions chez chacun.

2. L’influence déterminante de l’environnement

Si nos prédispositions sont inscrites dans nos gènes, leur intensité et la manière dont elles s’expriment varient selon :

• nos relations sociales,
• notre environnement familial,
• nos expériences positives comme négatives,
• des facteurs comme le stress, la nutrition ou l’exposition à certaines situations.

Un bébé avec une prédisposition à l’anxiété, par exemple, ne deviendra pas forcément anxieux à l’âge adulte s’il grandit dans un cadre sécurisant, stable et bienveillant.

3. L’incroyable plasticité du cerveau

L’enfance et l’adolescence sont des périodes clés : le cerveau est alors hautement plastique, capable de s’adapter rapidement aux stimulations et apprentissages.
Mais la bonne nouvelle, c’est qu’il n’est jamais totalement figé : même adulte, on peut modifier certains aspects de sa personnalité.
La psychothérapie, les changements de mode de vie ou de nouveaux environnements sociaux peuvent influencer nos façons de penser et d’agir.

4. L’épigénétique : quand l’environnement parle à nos gènes

Nos expériences peuvent aussi modifier l’expression de nos gènes, sans toucher à leur structure : c’est l’épigénétique.

Des événements marquants – positifs ou traumatiques – peuvent activer ou désactiver certains gènes, et ces « annotations » peuvent parfois se transmettre aux générations suivantes.

5. Alors, tout est écrit ?

Non. Ni totalement prédéterminés, ni entièrement modelés par le contexte, nous sommes le résultat d’un dialogue permanent entre l’inné et l’acquis.

Nos premières lignes sont peut-être tracées à la naissance, mais l’histoire, elle, reste à écrire… et il est toujours possible d’en changer le ton, la couleur et la fin.