Les limites de l'hypnose de confort

L’hypnose a le vent en poupe. On la voit dans les salons du bien-être, les vidéos en ligne, les affiches de cabinet : arrêtez de fumer en une séance, perdez 5 kilos sans régime, retrouvez le sommeil instantanément. On parle alors d’hypnose de confort : une utilisation ciblée sur un objectif précis et souvent rapide, pour soulager un symptôme ou modifier un comportement.

Et oui… ça peut marcher. Mais il y a un « mais ».

Le symptôme… ou le messager ?

La plupart des comportements que l’on souhaite faire disparaître — grignotage, tabac, compulsions, troubles du sommeil — ne sont pas apparus par hasard. Ils se sont installés pour répondre à un besoin, apaiser un inconfort, compenser une émotion ou remplir un vide.

• Fumer peut devenir un moyen de calmer l’anxiété, de gérer un stress social, ou de créer une pause dans une journée surchargée.
• Manger plus que nécessaire peut combler l’ennui, la solitude, ou un manque affectif.
• L’insomnie peut être un reflet de tensions non exprimées, d’inquiétudes constantes, ou de traumas passés.

Autrement dit : le symptôme n’est souvent que la partie visible de l’iceberg. Le problème sous-jacent reste, lui, bien caché.

Hypnose de confort : l’effet feu d’artifice

L’hypnose de confort peut, dans certains cas, agir vite et fort. En modulant les perceptions, en créant de nouvelles associations mentales, elle aide le cerveau à « reprogrammer » certains automatismes.

Le problème, c’est que si la racine émotionnelle ou psychologique n’est pas traitée, le cerveau va chercher un autre chemin… et parfois revenir à l’ancien comportement.
C’est ce qu’on appelle en psychologie la substitution de symptôme : on arrête de fumer, mais on commence à grignoter ; on perd du poids, mais on développe une anxiété sociale ; on dort mieux, mais on se sent submergé dans la journée.

L’hypnose : outil ou solution définitive ?

L’hypnose n’est ni magique, ni trompeuse. Elle est un outil puissant, capable d’ouvrir des portes, de déclencher un changement rapide, de donner un coup de pouce énorme à la motivation.

Mais pour que le changement dure, il faut accompagner ce travail d’une démarche thérapeutique plus profonde :

• Explorer les raisons émotionnelles qui ont créé le comportement.
• Identifier les déclencheurs internes et externes.
• Apprendre de nouvelles stratégies pour gérer le stress, la colère, la tristesse ou l’ennui.

C’est comme réparer une fuite d’eau : on peut essuyer le sol (symptôme), ou chercher d’où vient la fuite et la colmater (cause). Essuyer le sol donne un résultat visible tout de suite… mais ça ne tient pas longtemps.

Mon point de vue de praticien

Je ne diabolise pas l’hypnose de confort. Elle peut être un formidable premier pas, un levier pour redonner confiance, prouver que le changement est possible. Mais elle doit, selon moi, s’inscrire dans une approche globale, qui inclut la compréhension de soi et le traitement du problème de fond.

Sinon, on risque de vivre le cycle classique :

1. Résultat rapide
2. Euphorie
3. Rechute
4. Découragement
5. Retour au point de départ… ou pire.

En résumé : l’hypnose de confort, oui, mais pas seule. Le symptôme n’est pas l’ennemi : il est un signal. Ignorer le signal, c’est prendre le risque qu’il revienne frapper… parfois plus fort.