La résistance du patient en thérapie : outil ou obstacle ?

Un article de Fantomas-2
Publié le 13/10/2025
Dans la section #Psychologie
Article public d'intéret général
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Conforme ou séditieux?

En thérapie, il arrive qu’un patient avance… puis recule. Qu’il évite certains sujets, minimise ses difficultés ou mette en doute la pertinence de l’accompagnement. Ce phénomène, qu’on appelle résistance, n’est pas forcément une mauvaise chose. Au contraire, il est souvent un signe que quelque chose d’important est en train de se jouer.

Qu’est-ce que la résistance ?

La résistance désigne l’ensemble des comportements, attitudes ou mécanismes psychiques par lesquels un patient freine, consciemment ou non, le processus thérapeutique. Elle peut prendre des formes très variées :

  • Reporter ou annuler régulièrement les séances.

  • Parler de tout… sauf du vrai problème.

  • Dire « je ne sais pas » à répétition.

  • Adopter un ton ironique ou défensif sur certains sujets.

Freud, qui a popularisé le terme, y voyait un mécanisme de défense : l’inconscient met en place des barrières pour éviter de faire remonter à la conscience des émotions ou des souvenirs trop douloureux.

Pourquoi résiste-t-on ?

La résistance n’est pas un signe de mauvaise volonté. Elle traduit souvent :

  • La peur du changement : même lorsqu’une situation fait souffrir, elle peut avoir un côté « sécurisant » car connue.

  • La crainte de revivre une douleur : travailler sur un trauma ou un conflit interne réactive des émotions intenses.

  • La peur de perdre une partie de soi : certains schémas, même dysfonctionnels, font partie de l’identité.

  • Un manque de confiance dans le thérapeute ou dans le processus.

La résistance vue du côté du patient

Pour le patient, la résistance n’apparaît pas toujours comme une « opposition ». Souvent, elle se vit comme un conflit intérieur : une partie de soi souhaite avancer, mais une autre freine par peur ou par doute. Il peut y avoir la crainte d’être jugé, la peur de se sentir vulnérable ou encore l’impression que mettre des mots sur certaines émotions va les rendre plus réelles — donc plus douloureuses. Parfois, la résistance prend la forme d’un besoin de garder le contrôle : éviter un sujet sensible, c’est aussi éviter de se sentir dépassé par ses propres réactions. Cette tension peut être épuisante pour le patient, qui oscille entre le désir de changement et la peur de ce qu’il implique.

Les formes courantes de résistance

  1. L’évitement thématique
    On contourne systématiquement un sujet sensible, parfois avec humour ou par digressions.

  2. La résistance comportementale
    Retards, oublis, annulations répétées : le corps « vote » pour éviter la séance.

  3. La résistance cognitive
    Remettre en question les exercices, minimiser les avancées, intellectualiser les émotions.

Comment le thérapeute travaille avec la résistance ?

La résistance n’est pas un mur à abattre ; c’est une porte fermée qu’il faut comprendre.
En TCC comme en approche plus analytique, elle peut devenir un objet de travail en soi :

  • Nommer la résistance : mettre des mots dessus permet déjà de la conscientiser.

  • Explorer la fonction : qu’est-ce que cette résistance protège ? De quoi ?

  • Respecter le rythme : forcer le passage est souvent contre-productif.

  • Renforcer l’alliance thérapeutique : si la relation est sécurisante, la résistance se détend.

Résistance = signal utile

Plutôt que de voir la résistance comme un obstacle, il est souvent plus juste de la considérer comme un indicateur de zones sensibles. C’est là que se trouvent les nœuds du problème, mais aussi les clés du changement.

En somme, si un patient résiste, ce n’est pas qu’il ne veut pas aller mieux ; c’est qu’il teste, qu’il se protège, et qu’il apprivoise l’idée de changer. Le rôle du thérapeute est alors d’accueillir cette résistance, de la comprendre… et d’en faire un levier de progression.

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