Quand on expose… s’expose-t-on forcément à la critique ?
En tant qu’artistes, nous aimons partager nos œuvres. Parfois, elles nous demandent des heures, des jours, voire des semaines de travail. Elles nous prennent la tête, nous donnent du fil à retordre, puis un jour… enfin, elles nous plaisent.
Vient alors le moment de les montrer : sur un mur, dans une galerie, ou sur les réseaux sociaux. Et là, c’est la confrontation avec le regard des autres. La plupart des retours sont bienveillants, encourageants. Mais parfois, une critique tombe… piquante, dure, presque brutale. Même si elle n’est qu’un avis parmi d’autres, elle peut faire mal.
Pourtant, la critique peut aussi faire grandir. Une remarque formulée avec bienveillance nous pousse souvent à réfléchir, à évoluer. Mais qu’en est-il des mots blessants ? Sont-ils utiles à l’artiste, ou seulement destructeurs ?
Alors, plusieurs questions se posent :
Quand on publie une œuvre, doit-on s’attendre autant aux retours négatifs qu’aux compliments ?
Est-ce que les critiques dures ont une place dans le processus artistique, ou devraient-elles toujours être exprimées avec délicatesse ?
Les “likes” et commentaires positifs, sans avis constructif, aident-ils vraiment un artiste à progresser, ou gonflent-ils seulement l’ego ?
Faut-il apprendre à se détacher émotionnellement de toute critique, ou est-ce illusoire quand on s’expose en tant que créateur ?
Et vous, en tant qu’artiste ou spectateur… comment percevez-vous le rôle de la critique dans la création artistique ?

Exposer une œuvre c’est exposer SA vision du monde, une vision subjective qui nous appartient et que l’on a envie d’exprimer par le biais qui nous convient (pour nous ce sera la photo).
Forcément cette vision personnelle n’est pas partagée par tout et évidemment on prend le risque des critiques … y a les constructives, et il y a les critiques qui servent à rien. Il faut savoir faire le tri : se nourrir de celles qui, même si parfois elles sont un peu dures à encaisser parce que nous avons un attachement émotif à notre réalisation, elles peuvent parfois nous faire avancer, changer de regard, améliorer etc …
Selon moi, c’est difficile quand on est artiste de pouvoir se détacher émotionnellement de toute critique parce qu’on a l’impression que nos œuvres sont un prolongement de nous puisqu’elles sont notre façon de voir : on a tendance à le prendre personnellement.
J’expose souvent, il y a toujours 99% de critiques positives et il y en a toujours un pour donner un avis un peu moins amusant…souvent il y a une légitimité derrière cette critique mais souvent cette critique se fait sans connaitre mon intention photographique à la base… Je prends l’exemple des vieux intégristes de la règle des tiers… Moi qui ne la respecte pas toujours (et je sais pourquoi je ne la respecte pas ), je suis capable de leur expliquer mon choix : l’envie de briser les codes, de mettre en valeur deux sujets, oser un effet géométrique etc…
Me concernant, parfois je trouve des trucs moches mais je me pose plusieurs questions avant d’émettre une critique : qu’a voulu dire l’artiste, que voulait il représenter, est ce que cela correspond à ma vision du monde et si ce n’est pas le cas fais-je une critique de « goût » plutôt qu’un critique « constructive » , est ce que la technique aurait pu mieux servir l’œuvre et comment formuler une critique qui va permettre à l’artiste de mieux servir son intention photographique ? C’est quelque chose que je travaille régulièrement car j’anime des ateliers photos dans des assos et je suis confrontée à ce que font mes photographes apprenants… et je suis consciente qu’ils ne peuvent pas toujours coller à « MA » vision de la photo…
Sinon c’est important d’exposer : exposer c’est dire, exposer c’est s’exprimer, c’est une façon parfois de dénoncer, une façon parfois d’admirer etc …
Qu'on pose des questions, oui, bien entendu. Mais l'avis corrosif pour X raison sans considérer une seconde ce que les mots feront à l'autre, c'est un peu ce qu'on se bouffe partout. Et je fuis tout ça. La curiosité qui entraine le partage qui entraine la conversation intelligente, oui. Balancer sa phrase "c'est de la merde" et repartir faire sa vie, là c'est proscrit.
Après, en face à face, je n'ai jamais eu à faire à des instants mauvais ou sans fondement. Les gens à qui je montre ce que je fais me connaissent un minimum et ne seraient jamais virulents.
On peut parler critique et délicatesse dans la même phrase, l'un n'empêche pas l'autre je pense.
L'empathie est quelque chose qui manque cruellement de toutes parts, donc bon.
Elle ne peut pas être partagée par tout le monde, certains mettrons les formes pour le dire, d'autre pas !
Deux commentaires voulant dire la même chose mais étant employé avec rudesse et ou diplomatie, ne sera pas perçu de la même façon.
J'expose aussi régulièrement, il m'arrive de temps en temps d'avoir des avis critiques sur mes photos. Sur ma façon de retoucher, de faire les choses. En général c'est toujours dit avec bienveillance, des fois pas.
Mais dans les deux cas, en général je prends fort bien les critiques quel qu'elles soient et des fois ça passe pas...
Il est clair que les réseaux sociaux ont changés notre façon de voir les choses, de faire les choses. Tu postes une photo, tu attends des likes, des commentaires...
Mais au final que représente un like ? Les gens like, pour dire j'ai vu ? Ou bien j'aime bien ta photo ?
Des fois je préfère un petit commentaire à un like...
Répondre et liker des commentaires des gens ouais ....
Moi je comprends pas non plus 😂
S'expose t-on à la critique quand on s'expose ?
Pour moi, la réponse peut difficilement être autre chose qu'un OUI franc et sans concession!
Par contre, la question de savoir si toute critique est légitime, si on peut se passer de la critique et si on le doit, est un autre débat.
Peut-être que si nous appréhendions la critique, non pas comme une attaque ou une adhésion directe mais comme une "manifestation" dépourvu d'intention bonne ou mauvaise, cela faciliterait parfois un certain recul. M'enfin, ca ne concernerait pas moins qu'une minorité de critiques.
Autrement, je ne partage pas complètement l'idée que toute critique se doit d'être constructive et argumentée. C'est une chose de dire qu'on aimerait/souhaiterait qu'elle le soit, et une autre de considérer qu'elle devrait l'être en toute circonstance. Il suffit pourtant d'observer nos réactions pour comprendre l'ambivalence qui nous habite.
Relevons combien nous attendons d'un avis négatif qu'il soit argumenté, étayé et bienveillant, là ou le commentaire positif se suffira à lui même aussi bref, insignifiant, exempt d'argument et d'objectivité qu'il soit. (A considérer qu'on puisse vraiment l'être, "objectif". J'ai des doutes! ).
Ainsi aussi pertinent et infondé que soit la critique ce n'est jamais que l'égo qui réagit ou surréagit, l'objectivité, lui, reste en arrière plan!
J'en viens à mon propos. Critiquer les œuvres, sans distinction de statut, de nom, ou de sensibilité, c’est affirmer que nul n’est au-dessus mais c'est surtout poser comme principe que l’égalité véritable ne se mesure pas à l’absence de jugement, mais à l’universalité de son application.
D'une certaine façon, refuser de s'exposer aux critiques , c’est exiger une forme de privilège : celui d’être vu sans être jugé, d’occuper l’espace public sans en assumer les conséquences. Or, l’égalité véritable refuse ce privilège. Elle suppose que tous – artiste, spectateur, critique – sont également exposés à la parole, au désaccord, à l’interprétation, qu’elle soit flatteuse ou blessante.
Accepter cette inégalité des réactions, c’est reconnaître que la liberté d’expression n’est pas un droit à sens unique : elle engage autant le droit de créer que celui de répondre.
Ce point de vue concerne les oeuvres et l'acte de s'exposer, et aucunement la vie privée.
