L’importance des mots en thérapie : quand le langage façonne l’esprit

Un article de Fantomas-2
Publié le 22/09/2025
Dans la section #Psychologie
Article public d'intéret général
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Conforme ou séditieux?

En thérapie, chaque mot compte. Pas seulement pour ce qu’il exprime à l’instant T, mais pour la trace qu’il laisse dans notre esprit. Le langage n’est pas qu’un outil de communication : c’est aussi un filtre qui façonne notre perception, notre ressenti et nos comportements.

Les mots comme messages au cerveau

Ce que nous disons à voix haute est aussi puissant que ce que nous pensons en silence.
Le cerveau, lui, ne fait pas toujours la différence entre parole et pensée. Lorsque nous formulons quelque chose, nous envoyons un signal interne qui active des représentations, des émotions et des comportements cohérents avec ce qui a été dit.

En clair : si vous répétez régulièrement "Je suis nul", le cerveau finit par l’intégrer comme une donnée fiable, même si ce n’est qu’une habitude de langage.

À l’inverse, dire "J’apprends encore" ou "Je m’améliore" engage le cerveau dans une dynamique différente.

Du « il faut que » au « je veux que »

Hier, en séance, une patiente m’a dit :
> "Il faut que je prenne sur moi."

Cette phrase, en apparence anodine, porte pourtant un poids invisible. "Il faut" est une tournure injonctive : elle évoque une obligation, parfois une contrainte extérieure, et active souvent une résistance ou une culpabilité si l’objectif n’est pas atteint.

Je lui ai proposé de reformuler :
> "Je veux prendre sur moi."

La nuance est subtile, mais immense.
Passer de l’obligation au choix redonne du pouvoir. On quitte le registre de la contrainte pour celui de la volonté. Le cerveau, lui, reçoit un message différent : ce n’est pas une punition, c’est une décision.

Pourquoi ça change tout

  • "Il faut" → message de contrainte, active souvent du stress et une résistance passive.
  • "Je veux" → message d’autodétermination, stimule la motivation intrinsèque.
  • "Je choisis" → message d’engagement, renforce la responsabilité personnelle.

En TCC ou en thérapie centrée sur les ressources, cette distinction est fondamentale : les mots choisis influencent la posture mentale du patient. Et à force de reformuler, on entraîne le cerveau à percevoir différemment les mêmes situations.

Un entraînement, pas une correction

Ce travail n’est pas un simple jeu sémantique : c’est un entraînement cognitif.
En changeant les mots, on change la façon dont le cerveau anticipe et interprète la réalité. On ne se contente pas de “penser positif”, on restructure peu à peu les schémas mentaux.

En séance, reprendre une tournure n’est pas là pour juger ou censurer, mais pour ouvrir une autre voie possible, plus alignée avec ce que la personne veut vraiment mettre en place.


💬 Et vous ?

La prochaine fois que vous vous surprendrez à dire "Il faut que…", essayez de transformer cette phrase en "Je veux…". Observez la différence dans votre ressenti. Les mots ne sont pas de simples sons : ce sont des leviers.

5 commentaires
Chose
()
tellement vrai, c'est les petites choses au quotidien qui changent toute la perception de soi, de son environnement, des autres...
merci pour cet article, je ferais plus attention maintenant à mes formulation.
Un curieux
()
Merci pour cet article, moi qui travaille beaucoup sur la positivité en ce moment (personelle et professionnelle,) c'est un article interessant et un rappel salutaire.

je vais donc faire le choix d'employer ces mot plus souvent
Un Observateur
()
Il faut que j'y pense non j'ai fait exprès.... je veux y penser à cet article.


Ce sont vraiment des phrases qu'on a l'habitude de dire,..c'est dur de les changer.




Bidule
()
L’absence de mots aussi laisse libre court aux pensées pas toujours bonnes quand ça tourne en boucle.
Un curieux
()
J'en suis convaincue... mais comment convaincre son ado qui broie du noir et lève les yeux au ciel quand j'essaye qu'elle soit plus positive envers elle-même ? Si quelqu'un a une astuce... je prends.
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