Thierry Ardisson : l’homme en noir
Figure incontournable de la télévision française, Thierry Ardisson, qui nous a quittés le 14 juillet dernier (dernière provoc’, lui le royaliste) laisse une empreinte indélébile sur plusieurs générations par son style, son audace et son insatiable soif d’innovation.

Débuts dans la publicité et la presse
Avant ses heures de gloire sous les projecteurs, Ardisson débute sa carrière comme concepteur-rédacteur chez BBDO dès 1969 à Paris, puis gravite entre grandes agences (TBWA, Ted Bates) avant de créer sa propre agence, Business, en 1978. Sa créativité a marqué l’histoire de la publicité française avec des slogans devenus cultes : « Ovomaltine, c’est de la dynamite ! », « Vas-y Wasa ! », « Lapeyre, y en a pas deux ! » ou encore « Quand c’est trop, c’est Tropico ! ». En parallèle, il explore l’univers de la presse, participant notamment à l’aventure underground du magazine Façade.
L’irrévérence conquiert la télévision

C’est en 1985 qu’Ardisson débarque sur TF1 avec « Descente de police », puis « Scoop à la une ». Il impose instantanément une nouvelle grammaire télévisuelle, injectant dans l’interview un mélange de provocation, de franc-parler et de fascination pour la transgression. Avec « Bains de minuit » dès 1987 puis « Lunettes noires pour nuits blanches » sur Antenne 2, il s’invite dans la nuit, entouré d’artistes, de politiques, de noctambules et de personnalités inattendues. Fumant à l’antenne, il parle librement de tout, des excès de la fête à l’intime, n’hésitant jamais à ébranler les convenances.
Ses émissions cultivent le goût du clash, de l’inattendu, du verbe ciselé, bâtissant la réputation de « l’homme en noir », surnom désormais indissociable de son image.
L’homme aux mille idées : producteur, écrivain et faiseur de stars

Thierry Ardisson ne se contente pas d’animer : il invente et produit autant qu’il dérange. Le succès de « Tout le monde en parle » (France 2, 1998-2006) et de « Salut les Terriens ! » (Canal+, puis C8, de 2006 à 2019) assoit sa domination sur la deuxième partie de soirée, offrant une plateforme aux voix libres, aux polémistes, aux comédiens comme aux politiques. Il renouvelle sans cesse ses concepts, n’hésite pas à lancer de nouveaux talents (on pense à Laurent Baffie ou Laurent Ruquier) et à installer la controverse comme moteur d’audience.
Parallèlement, il s’essaie avec succès à la presse écrite (créateur des magazines Interview –devenu Entrevue– et J’économise), et à l’écriture : romans dès les années 1970, essais, autobiographies, dont « Confessions d’un baby-boomer ». Il s’engage aussi dans la production cinématographique et continue d’interroger la société, notamment à travers des documentaires et émissions innovantes comme « Hôtel du temps », où il dialogue avec des célébrités disparues recréées par deepfake.
Un style, une marque, un héritage

Audacieux jusqu’à l’excès, volontiers provocateur, Thierry Ardisson a imposé, durant près de quarante ans, un ton unique où la liberté d’expression, la passion de l’interview et l’irrévérence étaient portées à leur acmé. Son obsession du gimmick (« Magnéto Serge ! », « Qu’est-ce qu’on écoute, Corti ? ») et sa science du clash ont bâti des émissions dont beaucoup restent inscrites dans la mémoire collective.
Royaliste assumé, polémiste revendiqué, Ardisson a souvent divisé, mais il a fait évoluer la télévision française en un laboratoire de libertés et de confidences sans filtre. Sa disparition marque la fin d’une ère, mais son héritage, fait d’émissions cultes, d’idées novatrices et de moments inoubliables, continuera d’inspirer journalistes et animateurs.
Je me souviens quand nous sortions étant jeune, mon père refusait de revenir nous chercher avant la fin de l'émission du samedi soir....
Et puis y a eu plein de moments cultes de télé sur ces plateaux, notamment les invités qui se barraient en pleurant comme Mila Jovovitch