3e art đïž Artiste : Le Caravage
Le Caravage était décrit en son temps comme le Maßtre absolu du Clair-Obscur.
Michelangelo Merisi, dit Le Caravage (1571â1610), est lâun des peintres les plus rĂ©volutionnaires du Baroque italien. Sa peinture rĂ©aliste, dramatique et souvent violente rompt avec lâidĂ©alisation maniĂ©riste de son Ă©poque. Il impose une nouvelle vision du sacrĂ©, ancrĂ©e dans le quotidien et empreinte dâune profonde humanitĂ©. Son usage du clair-obscur â ce contraste extrĂȘme entre ombre et lumiĂšre â influencera durablement la peinture europĂ©enne.
Jâai donc cherchĂ© ses Ćuvres les plus emblĂ©matiques, mĂȘme si ce ne sont pas mes prĂ©fĂ©rĂ©es
1. La Vocation de saint Matthieu (1599â1600)
đ Ăglise San Luigi dei Francesi, Rome
Dans un dĂ©cor de taverne sombre, JĂ©sus pointe du doigt Matthieu, assis avec dâautres percepteurs dâimpĂŽts. La lumiĂšre, diagonale et brutale, guide le regard vers Matthieu, dans un Ă©cho direct Ă la CrĂ©ation dâAdam de Michel-Ange. Cette scĂšne biblique prend vie dans un contexte contemporain au peintre, soulignant la vocation comme un Ă©vĂ©nement ordinaire aux consĂ©quences extraordinaires.
2. Le Martyre de saint Matthieu (1600)
đ Ăglise San Luigi dei Francesi, Rome
Dans cette composition violente, le bourreau sâapprĂȘte Ă frapper Matthieu au sol, tandis quâun ange tend la palme du martyre. Le Caravage mĂȘle chaos, Ă©motion et lumiĂšre surnaturelle dans une mise en scĂšne théùtrale. Le tableau capture un moment de tension maximale, tĂ©moin de la cruautĂ© humaine et de lâespoir cĂ©leste.
3. Judith décapitant Holopherne (vers 1599)
đ Galerie nationale dâart ancien, Rome
Une scĂšne saisissante : Judith, jeune et rĂ©solue, tranche la gorge dâHolopherne. Le sang jaillit avec un rĂ©alisme glaçant. Le contraste de lumiĂšre souligne les expressions â horreur, dĂ©termination, surprise â et donne une intensitĂ© dramatique unique. Le Caravage nâidĂ©alise rien : la violence est brute, presque insoutenable.
4. La Mise au tombeau (1602â1603)
đ PinacothĂšque des MusĂ©es du Vatican
Le Christ mort est soutenu par Jean et NicodĂšme, tandis que Marie et les autres femmes pleurent. Le Caravage place le spectateur presque au niveau de la tombe, lâinvitant Ă vivre la scĂšne. LâĂ©motion est palpable. La lumiĂšre, venant du haut, met en relief les visages bouleversĂ©s et les corps lourds.
5. David avec la tĂȘte de Goliath (vers 1610)
đ Galerie BorghĂšse, Rome
Ce tableau, peint peu avant sa mort, est une Ćuvre poignante. Le visage de Goliath dĂ©capitĂ© est en rĂ©alitĂ© un autoportrait du Caravage. David semble triste, presque compatissant. Une lecture possible : le jeune hĂ©ros contemple la chute dâun homme brisĂ© par ses propres dĂ©mons, une mĂ©taphore de lâartiste lui-mĂȘme.
Tout est dans le style et lâinfluence, mais Ă©galement dâun rĂ©alisme brut : il utilisait des modĂšles de la rue, parfois des prostituĂ©es ou des mendiants, pour incarner des figures bibliques.
Son clair-obscur est effectivement théùtral, et ses jeux de lumiĂšre ont dâailleurs inspirĂ© les tĂ©nĂ©bristes comme Georges de La Tour ou Rembrandt.
Pour la petite histoire, le Caravage a Ă©galement connu quelques dĂ©boires : accusĂ© de meurtre, il fuit Rome et meurt Ă 39 ans dans des circonstances mystĂ©rieuses. Son Ćuvre, longtemps oubliĂ©e, est redĂ©couverte au XXe siĂšcle.
En conclusion, le Caravage a bouleversé la peinture occidentale, de par sa maniÚre de représenter la vérité humaine, sans fard, dans la douleur comme dans la grùce ; il a donné au sacré un visage profondément humain.
Aujourdâhui encore, ses tableaux fascinent par leur intensitĂ© dramatique et leur puissance visuelle.
Du coup tout ces tableaux provoque un malaise chez moi.
Un grand classique dans la sphĂšre fĂ©ministe Ă lâorigine de tant de memes hilarants.
Sinon jâadore le caravage.
Il est dit qu'il choisissait ses modÚles dans les rues parmi les prostitués, les mendiants, ses amants... J'avais lu que pour son tableau "la mort de la Vierge", il avait choisi comme modÚle le cadavre d'une prostituée qui s'était noyée. Je ne suis pas certaine que sa façon de rendre le divin plus humain ait été totalement approuvé par les autorités religieuses de l'époque.
-_-
Le souvenir marquant d'une expĂ©rience au MusĂ©e de Rouen, oĂč une salle lui est dĂ©diĂ©e... et oĂč seule Ă l'ouverture du musĂ©e je me suis retrouvĂ©e face Ă ses toiles sanglantes, on se sent vraiment tout petit et mal Ă l'aise.
