TDA/H = Enfant mal élevé
Certainement pas.
Et si on arrêtait de raconter n’importe quoi sur ce trouble ?
"C’est juste un enfant capricieux."
"Il est mal élevé, c’est tout."
"Avant, on appelait ça être turbulent."
"Un adulte TDA/H ? Non mais faut arrêter de tout pathologiser."
💡 Ces phrases, on les entend encore.
Elles traduisent une profonde méconnaissance de ce qu’est le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H).
Alors remettons un peu d’ordre, de science, et de clarté sur ce fonctionnement atypique — et très souvent mal compris.
🧠 Le TDA/H, c’est d’abord un fonctionnement neurobiologique
Le TDA/H n’est pas une lubie moderne. Ce n’est pas non plus un effet de l’éducation bienveillante ou de l’excès d’écrans.
C’est un trouble du neurodéveloppement, qui impacte les fonctions exécutives du cerveau.
Les recherches montrent un déséquilibre dans les circuits de la dopamine et de la noradrénaline, deux neurotransmetteurs liés à la motivation, l’attention, la régulation émotionnelle et le passage à l’action.
En clair :
👉 Ce n’est pas un problème de volonté, mais un problème de régulation.
👉 Ce n’est pas un choix de comportement, mais une difficulté à ajuster ses réponses à l’environnement.
🧩 Ce qui se passe dans un cerveau TDA/H
Imagine un cerveau :
- qui détecte trop de stimuli en même temps
- qui lutte pour filtrer ce qui est important
- qui démarre au quart de tour, puis cale brutalement
- qui a du mal à retenir l’info à court terme
- qui veut bien faire, mais oublie en route pourquoi il s’est levé de sa chaise
C’est ça, le TDA/H :
Un cerveau sans chef d’orchestre stable pour canaliser, organiser, prioriser.
Et c’est épuisant, pour la personne qui le vit.
Pas capricieux. Pas feignant. Épuisé.
🙃 Les idées reçues (et fausses) sur le TDA/H
❌ "C’est une mode"
Non. Le TDA/H est décrit depuis plus d’un siècle en neuropsychiatrie. Ce qui change, c’est la meilleure détection et la fin du tabou autour des troubles neurodéveloppementaux.
❌ "C’est juste chez les enfants"
Faux. Le TDA/H persiste à l’âge adulte chez environ 60 % des personnes concernées.
Mais il se restructure : moins d’agitation physique, plus de difficultés de concentration, procrastination, désorganisation, et épuisement chronique.
❌ "Les TDA/H sont tous hyperactifs"
Pas du tout. Il existe trois formes :
- Inattentive (anciennement TDA) : plus discret, mais tout aussi impactant
- Hyperactive-impulsive
- Mixte
❌ "C’est lié aux écrans"
Non. Les écrans n’induisent pas un TDA/H.
Mais ils peuvent aggraver les symptômes… tout comme le stress, le manque de sommeil, ou un environnement mal adapté.
❌ "Il suffit de faire des efforts"
Tu dirais ça à une personne astigmate ?
Non. Parce que ce n’est pas une question de paresse, mais de besoin d’outils concrets pour compenser un fonctionnement cérébral spécifique.
🧭 Et donc, le TDA/H, c’est quoi ?
C’est un trouble qui impacte :
- L’attention soutenue : rester concentré sur une tâche, même peu stimulante
- L’attention sélective : faire abstraction du bruit, des mouvements, des distractions
- L’impulsivité : agir sans réfléchir, parler sans filtrer
- La régulation émotionnelle : surréagir à des émotions simples
- L’organisation : passer à l’action, finir ce qui est commencé, hiérarchiser
Mais c’est aussi un cerveau :
- très intuitif
- très créatif
- capable d’hyperfocus (se concentrer à l’extrême quand la tâche passionne)
- curieux, dynamique, souvent profondément empathique
Ce n’est pas un bug.
C’est un fonctionnement cognitif différent.
Et quand il est reconnu, compris, et accompagné ? Il peut devenir une force.
🧰 Ce qui aide : aménagements + outils + psychoéducation
On ne “guérit” pas du TDA/H.
Mais on apprend à vivre avec, à composer avec ses forces, et à réduire l’impact des fragilités.
- Psychoéducation : comprendre comment fonctionne son cerveau
- Stratégies d’organisation : routines visuelles, alarmes, listes, apps
- Thérapies : TCC, accompagnement motivationnel, coaching
- Médication : parfois nécessaire pour rééquilibrer les circuits dopaminergiques
- Soutien familial et scolaire : primordial pour éviter le repli et la mésestime
💬 Non, le TDA/H n’est pas un caprice
> C’est un trouble invisible, souvent mal compris, qui nécessite de la reconnaissance, de l’accompagnement et du respect.
>
> Le TDA/H, ce n’est pas un enfant mal élevé, ni un adulte paresseux.
> C’est un cerveau qui fonctionne avec plus d’intensité, plus de désordre, et souvent plus de génie que ce qu’on imagine.
>
> Ce n’est pas "trop d’énergie".
> C’est un autre langage mental, qu’il est temps d’écouter.