Bilan ou diagnostic ? On ne parle pas de la même chose.

Un article de Fantomas-2
Publié le 23/07/2025
Dans la section #Psychologie
Article public d'intéret général
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Conforme ou séditieux?

> “Le bilan a dit qu’il était HPI.”
> “Elle a un diagnostic de dyslexie.”
> “On m’a parlé d’un TDAH, mais j’ai juste eu un test…”

Autant de formulations entendues tous les jours… et qui mélangent un peu tout. Or, bilan et diagnostic ne sont pas interchangeables. Ils ne désignent ni le même acte, ni la même portée, ni la même autorité. Et bien comprendre cette différence, c’est déjà poser les bases d’un accompagnement adapté.

🩺 Le diagnostic : un acte médical, encadré

Le diagnostic est une démarche réservée aux professionnels de santé habilités : médecins généralistes, pédopsychiatres, psychiatres, neurologues, pédiatres… et dans certains cas, psychologues cliniciens (notamment pour les troubles neurodéveloppementaux, mais selon leur cadre de pratique).

🎯 Que fait un diagnostic ?

  • Il nomme un trouble ou une pathologie selon des critères cliniques précis (DSM-5, CIM-11, classifications internationales).
  • Il permet de confirmer ou d’exclure un trouble.
  • Il peut donner accès à des soins, des traitements ou des compensations scolaires ou administratives (plans d’aménagement, MDPH, reconnaissance handicap…).

✅ Exemples de diagnostics :

  • Trouble du spectre de l’autisme (TSA)
  • Trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH)
  • Trouble anxieux généralisé
  • Trouble oppositionnel avec provocation
  • Trouble dépressif caractérisé
  • Trouble des apprentissages (selon la CIM-11)
  • Trouble du langage oral (anciennement “dysphasie”)
  • Trouble de l’expression écrite
  • Trouble bipolaire
  • Trouble de la personnalité borderline

⚠️ Ce qu’un diagnostic engage :

  • Une reconnaissance officielle d’un trouble mental ou neurodéveloppemental.
  • Un suivi médical dans la durée, parfois des traitements (ex. : médication dans le TDAH ou l’anxiété sévère).
  • Des droits spécifiques (AESH, MDPH, PAI, PPS, ALD…).

🧪 Le bilan : un outil d’évaluation, pas de confirmation

Le bilan, quant à lui, est une exploration clinique qui vise à comprendre un fonctionnement, sans pour autant poser un trouble médical. Il peut être réalisé par un psychologue, un orthophoniste, un ergothérapeute, un psychomotricien, un neuropsychologue, un psychopraticien, etc., en fonction de leurs compétences et spécialités.

🔎 À quoi sert un bilan ?

  • À objectiver des points de fragilité ou des ressources.
  • À établir un profil de fonctionnement cognitif, émotionnel, comportemental, relationnel.
  • À proposer des hypothèses de travail ou d’orientation, parfois en suggérant une poursuite vers un diagnostic.

Le bilan ne donne pas un verdict, il trace une cartographie, à un moment donné, avec des hypothèses interprétatives.

✅ Exemples de ce qu’un bilan peut mettre en lumière :

  • Haut potentiel intellectuel (HPI)
  • Fonctionnement atypique ou dysharmonique
  • Traits d’anxiété (sans trouble anxieux diagnostiqué)
  • Difficultés attentionnelles (sans diagnostic de TDAH)
  • Profil DYS (dyslexie, dysorthographie, dyspraxie…)
  • Immaturité psycho-affective
  • Traits d’opposition ou d’inhibition
  • Difficultés dans la gestion des émotions
  • Fragilité de l’estime de soi
  • Sensibilité au changement, rigidité cognitive, traits autistiques

⚠️ Ce qu’un bilan n’est pas :

  • Ce n’est pas un diagnostic même s’il peut y ressembler.
  • Ce n’est pas une étiquette, mais une base de réflexion clinique.
  • Ce n’est pas un test unique, mais un ensemble d’éléments croisés : entretiens, observations, passation d’outils, questionnaires, entretiens avec les parents ou enseignants…

📌 Bilan ou diagnostic : quand utilise-t-on l’un ou l’autre ?

Dans quel cas demander un bilan ?

  • Quand on observe des difficultés persistantes à l’école, à la maison, dans les relations…
  • Quand on s’interroge sur une précocité intellectuelle ou un fonctionnement atypique.
  • Quand un professeur, un professionnel ou un parent s’inquiète sans certitude.
  • Quand on veut comprendre et mieux accompagner, sans poser une étiquette.

Dans quel cas aller vers un diagnostic ?

  • Quand le retentissement sur le quotidien est important (souffrance, isolement, rupture scolaire ou sociale…).
  • Quand le bilan suggère la présence probable d’un trouble qu’il ne peut confirmer.
  • Quand l’orientation vers des aides officielles ou une reconnaissance MDPH est envisagée.
  • Quand des comorbidités sont à explorer (ex : anxiété + traits autistiques).

💬 Pourquoi c’est important d’utiliser les bons mots ?

Parce que chaque mot engage une responsabilité clinique, administrative, voire sociale.

  • Un diagnostic engage un traitement, un suivi, parfois un parcours de soin long.
  • Un bilan éclaire, mais n’a pas cette portée juridique ou médicale.
  • Utiliser le mot “diagnostic” à tort peut induire en erreur, créer de la peur, ou figer un enfant dans une case qui n’est pas la sienne.
  • À l’inverse, dire “ce n’est qu’un bilan” pour minimiser des alertes peut retarder des accompagnements nécessaires.

👉 Un enfant peut avoir un bilan qui parle de fragilités attentionnelles sans être TDAH.
👉 Un adulte peut faire un bilan qui montre un profil HPI sans trouble associé.
👉 Une suspicion de TSA nécessite un diagnostic multidisciplinaire, pas juste un test de quotient autistique.

🎯 En résumé : tout n’a pas besoin d’un diagnostic… mais tout mérite d’être compris

> On n’a pas toujours besoin d’un “verdict”, parfois juste d’un point de repère.
>
> Le bilan éclaire un chemin. Le diagnostic, lui, balise une route plus définie.

Ce qui compte vraiment, au fond, ce n’est pas de savoir si c’est un bilan ou un diagnostic.
C’est de se demander comment on va accompagner cette personne, à partir de ce qu’on comprend d’elle — pas à partir d’un mot mal utilisé.

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