Déclamation au Royaume de l’Attente
Ô toi, parc enchanté au prix d’un loyer,
Terre promise des loopings et des regrets glacés,
J’entre chez toi le cœur léger,
Et le porte-monnaie déjà vidé.
Dès l’aurore,
Je foule ton asphalte brûlant,
Guidé par des panneaux plus confus que poétiques,
Et une mascotte en sueur, qui fait la photo… mais pas la joie.
Tu me promets des mondes.
Des dragons, des galaxies, des pirates aux dents blanches.
Mais ce que tu m’offres surtout…
C’est la file d’attente.
Serpent sans fin, coude contre coude, souffle contre nuque.
Deux heures pour le frisson,
Trois minutes pour le manège.
Et là !
"En panne temporairement."
Écrit comme un haïku de la déception.
On se regarde, vaincus,
En mangeant un churro à 7€.
L’enfant pleure, l’adulte craque,
Le soleil nous pèse comme une condamnation.
On rêve d’ombre,
Mais tout est pensé pour que l’on marche.
Toujours.
Vers les boutiques. Vers les snacks.
Vers les "Expériences immersives" qui sentent le plastique tiède.
Et le soir,
Quand enfin, épuisés, nous quittons ton royaume de plâtre,
Nous comptons nos faits d’armes :
Deux attractions.
Un hot-dog douteux.
Et un t-shirt hors de prix qu’on n’avait même pas envie d’acheter.
Mais tu sais quoi ?
On reviendra.
Car tu sais parler à l’enfant en nous.
Et le ruiner.
Extrait de Recueil AI•magé - GéPéTik
