Ode à la Piscine Publique

C’est l’été, qui dit été dit plage. Et ceux qui ne peuvent pas, vont à la piscine.
J’ai trouvé ce court poème sur les joies de la piscine publique, je vous en fait cadeau.

Salut à toi, grande flaque chlorée,
Temple du bruit, du pipi discret et de la verrue plantaire.
Tu n’es pas belle, non.
Tu es authentique.

Dès l’entrée, tu nous accueilles
Par une odeur de javel et de frites froides,
Par des tongs oubliées, des casiers cassés,
Et un panneau "Douche obligatoire",
Que personne ne respecte.

Ton sol est un poème visqueux,
Mi-mouillé, mi-infecté, toujours douteux.
Chaque pas pieds nus est un acte de foi,
Un pèlerinage vers l’ongle incarné.

Ô bassin,
Tu bouillonnes d’enfants hurleurs,
De papys dos crawlé, de bombes mal visées,
Et toujours, toujours,
Un gros monsieur qui ne sort jamais de l’eau,
Mais dont l’ombre jaune flotte doucement à la surface…

Tu offres le frisson d’un sparadrap qui dérive,
Libre comme une méduse en fin de vie,
Et qui, traître humide,
Viendra s’échouer sur ma clavicule.
Pourquoi moi ?
Pourquoi maintenant ?

Et pourtant.
Malgré toi, malgré tout,
Il y a des éclats de rires,
Des glissades contrôlées,
Des gosses qui apprennent à ne pas couler,
Des mamans qui prennent une pause,
Et moi —
Qui reviens. Toujours.

Parce que même si tu pues un peu,
Même si tu me colles un champignon souvenir,
Tu es l’été.
Tu es nous.
Tu es… publique.

Extrait de Recueil AI•magé - GéPéTik