Billet d'humeur : Faut-il vraiment « tout comprendre pour tout pardonner » ?
Réflexion sur la confusion entre compréhension psychologique et tolérance morale
On entend souvent cette phrase comme une forme de sagesse : « Il faut tout comprendre pour tout pardonner. »
Comme si une explication suffisait à dissoudre la douleur.
Comme si connaître l’origine d’un comportement le rendait automatiquement acceptable.
Et pourtant…
Quand on s’intéresse à la psychologie, quand on commence à comprendre les blessures d’attachement, les traumatismes de l’enfance, les carences affectives, on développe une forme d’indulgence. Une empathie un peu dangereuse parfois. On se surprend à dire : Il ou elle ne peut pas faire autrement.
Et à force de dire ça, on finit par tout laisser passer.
J’ai connu cette dérive.
Pas dans un cas isolé, mais dans un contexte plus diffus. Des relations marquées par des silences pesants, des remarques culpabilisantes, des absences non justifiées mais toujours excusées. Et moi, de mon côté, j’ai tout rationalisé. J’ai vu les failles, les blessures non résolues, les mécanismes de défense. J’ai compris.
J’ai trop compris.
Et c’est là que le piège se referme.
Parce que comprendre ne signifie pas tolérer.
On peut saisir les raisons profondes d’un comportement sans devoir en accepter les conséquences sur soi.
On peut décoder la peur, la honte, l’incompréhension, tout en décidant que cela ne justifie pas l’humiliation, le contrôle ou l’indifférence.
La confusion entre compréhension psychologique et tolérance morale est fréquente, surtout quand on est sensible ou formé à ces approches.
On se sent presque coupable d’attendre du respect, comme si on devait être au-dessus de ça. Comme si poser une limite revenait à être cruel avec une personne déjà en souffrance.
Mais la réalité, c’est qu’on peut compatir sans se sacrifier.
On peut dire : Je sais d’où ça vient. Mais je ne veux pas que ça me touche.
Ce n’est pas de l’égoïsme. C’est de l’écologie personnelle.
Non, il ne faut pas tout comprendre pour tout pardonner.
Le pardon, quand il a lieu, est un choix. Pas une obligation intellectuelle. Pas une conséquence logique d’une analyse psychologique.
On ne doit jamais se sentir contraint de pardonner pour être une « bonne personne ».
Le pardon n’a de valeur que s’il est libre.
Et parfois, la vraie paix intérieure, c’est de ne pas pardonner, mais de s’éloigner.
Et puis, je suis arrivé après lecture à la conclusion.
Et oui, effectivement, s'éloigner est parfois plus bénéfique que de pardonner :)
Est ce que cette écologie personnelle va m'aider à avancer?
Je ne peux pas changer ce qui s'est passé, je ne peux pas non plus changer les autres. Mais je peux construire quelque chose qui saura me satisfaire avec eux.
Je sais que je ne serai pas non plus sereine si je casse la relation, si je la laisse au point mort même si elle n'est pas saine.
Ni accepter, ni justifier les comportements mais peut être juste me montrer plus mature, plus réfléchie, plus respectueuse moi-même de l'autre et de moi. Pas simplement être écolo, mais faire du Upcycling ?