Dossier Névrose & Psychoses : Qu’est-ce qu’une névrose ? Définition et caractéristiques

Un article de Fantomas-2
Publié le 31/03/2025
Dans la section #Psychologie
Article public d'intéret général
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La névrose est un terme qui traverse l’histoire de la psychologie et de la psychanalyse depuis plus d’un siècle. Si le mot est parfois galvaudé dans le langage courant, il renvoie en réalité à une structure clinique spécifique, caractérisée par un conflit interne, une angoisse maîtrisée par des symptômes, et un rapport maintenu à la réalité. Ce n’est ni une folie, ni un caprice : c’est une forme d’organisation du psychisme, souvent douloureuse, mais aussi étonnamment cohérente.

Une définition générale : conflit psychique et refoulement

Dans les grandes lignes, la névrose désigne une situation dans laquelle le sujet est pris dans un conflit inconscient : ses désirs, ses pulsions, ses représentations viennent se heurter à des interdits, à des valeurs, à des exigences morales ou sociales. Ce conflit est insupportable pour le moi, qui cherche alors à s’en défendre.

La défense principale dans la névrose est le refoulement : une tentative de rejeter dans l’inconscient ce qui dérange. Mais ce refoulement n’est jamais parfait. Ce qui est chassé revient — sous forme de symptômes, d’angoisses, de rêves, d’obsessions, de blocages. Le sujet ne sait pas exactement pourquoi il souffre, mais il ressent un mal-être, souvent chronique, parfois aigu.

Un rapport à la réalité préservé

Contrairement à la psychose, où le sujet peut rompre avec la réalité (hallucinations, délires), la personne névrosée conserve un ancrage dans le réel. Elle sait que ses peurs sont parfois irrationnelles, que ses pensées la gênent, que ses comportements sont excessifs, mais elle en souffre consciemment. Il y a une lucidité, parfois même trop grande, qui accentue la culpabilité ou l’angoisse.

Cela ne rend pas la névrose anodine. Certaines névroses sont invalidantes, douloureuses, handicapantes dans la vie quotidienne. Mais le lien à la réalité, même conflictuel, n’est pas rompu.

Une structure, pas une étiquette

La névrose n’est pas une pathologie passagère ou un état émotionnel momentané. C’est une organisation stable de la personnalité, qui structure la façon d’aimer, de désirer, de penser, d’angoisser. Elle se met en place dans l’enfance, en fonction de l’histoire du sujet, de ses liens précoces, de sa manière d’intégrer l’interdit et la loi.

On ne "guérit" pas d’une névrose comme on soigne une grippe. Mais on peut apprendre à vivre avec, à mieux comprendre ses mécanismes, à en réduire la souffrance, voire à la transformer. La psychanalyse et d’autres formes de psychothérapie proposent justement un travail d’élucidation du conflit sous-jacent.

Une souffrance humaine, non une maladie mentale

Il est important de rappeler que la névrose n’est pas une "maladie mentale" au sens strict, encore moins une forme de folie. C’est une manifestation ordinaire — parfois excessive — du conflit psychique. Une grande partie de ce qu’on appelle le mal-être, l’angoisse, les troubles anxieux ou les inhibitions relèvent de la structure névrotique.

On pourrait presque dire, avec un clin d’œil : la névrose est un symptôme de normalité, ou du moins de civilisation. Elle témoigne de la capacité du sujet à intérioriser des règles, à se confronter au désir, à composer avec l’autre. Le prix à payer, c’est la souffrance. Mais cette souffrance a du sens — et peut devenir un levier de transformation.

Une logique du conflit, une clinique du sens

La névrose, en somme, est une forme d’organisation psychique dans laquelle le conflit fait symptôme, mais sans rupture majeure avec la réalité. Elle n’est ni un défaut, ni un simple dérèglement, mais une manière de parler l’impensable. Comprendre ce qu’est une névrose, c’est déjà reconnaître qu’il existe des logiques dans la souffrance psychique — et que derrière chaque symptôme, il y a un sujet.


Sources

Sources bibliographiques

  • Freud, S. (1894). Les névroses de défense
  • Cifali, M. (2000). Savoir et clinique : la névrose aujourd’hui

Sources en ligne

3 commentaires
Bidule
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Merci pour l'article c'est toujours aussi intéressant a lire
Un gars
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C'est effectivement hyper intéressant : j'ai déjà entendu des psys du bureau, parler à la machine à café de "névroses tout à fait classiques" et je me suis toujours demandé de quoi il en retournait ! On pouvait donc avoir des névroses et c'était normal (pour la profane que je suis, ça me semblait tellement pire que "normal"). Merci pour toutes ces précisions.
Bidule
()
Merci pour cet article :)
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