La résistance en thérapie : Comprendre, apprivoiser et surmonter
La résistance en thérapie est un phénomène bien connu des professionnels de la santé mentale. Elle se manifeste lorsque le patient, de manière consciente ou inconsciente, freine le processus thérapeutique. Ce blocage peut prendre diverses formes : refus de parler de certains sujets, minimisation des problèmes, interruptions de la thérapie ou encore rationalisation des difficultés. Pourquoi certains patients opposent-ils une résistance au changement, et comment le thérapeute peut-il les accompagner pour la surmonter ?
Les causes de la résistance en thérapie
La résistance peut avoir plusieurs origines, souvent liées à des mécanismes de défense ancrés depuis longtemps chez le patient. Parmi les causes les plus fréquentes, on trouve :
- La peur du changement : Modifier une manière de penser ou de fonctionner peut être effrayant. Le patient préfère souvent l’inconfort d’une situation connue plutôt que l’incertitude d’un avenir différent.
- Les bénéfices secondaires : Certains comportements problématiques peuvent procurer des avantages inconscients. Par exemple, une personne souffrant d’anxiété sociale peut éviter des interactions difficiles et ainsi se sentir en sécurité.
- La honte ou la culpabilité : Évoquer certaines expériences douloureuses peut générer un sentiment de honte, ce qui amène le patient à esquiver certains sujets.
- Une relation de transfert conflictuelle : Si le patient projette sur le thérapeute des expériences passées douloureuses (par exemple, une autorité parentale perçue comme rigide), il peut opposer une résistance aux interventions.
- Un traumatisme non résolu : Lorsqu’un patient a subi un traumatisme, il peut inconsciemment ériger des barrières pour éviter de revivre la douleur associée.
Les conséquences de la résistance
Lorsqu’elle n’est pas identifiée ou mal gérée, la résistance peut ralentir, voire bloquer, le travail thérapeutique. Voici quelques impacts possibles :
- Stagnation du patient : Il peut avoir l’impression de ne pas avancer et perdre confiance dans le processus.
- Frustration du thérapeute : Face à une absence de progrès, le thérapeute peut ressentir une impuissance ou une lassitude.
- Rupture de la relation thérapeutique : Si la résistance est mal gérée, le patient peut décider d’interrompre la thérapie, se sentant incompris ou jugé.
Exemple concret : La résistance de Marc (cet exemple ne correspond pas à un vrai patient, j’ai extrapolé plusieurs cas pour ne pas rompre avec le secret professionnel)
Marc, 35 ans, me consulte pour des difficultés relationnelles et une anxiété sociale. Après quelques séances, je remarque que Marc change fréquemment de sujet dès qu’il est question de ses relations familiales. Lorsque je l’interroge sur son enfance, il répond de manière évasive ou affirme que "ce n’est pas si important".
J’identifie cette résistance et l’interprète comme une peur d’affronter certaines blessures passées. Plutôt que de forcer Marc à en parler directement, je choisis d’aborder le sujet de façon indirecte, en utilisant des métaphores ou en l’invitant à décrire ses ressentis actuels. Progressivement, Marc commence à verbaliser ses souvenirs d’enfance et réalise que sa peur du jugement vient en partie de l’attitude critique de son père.
Comment le patient et le thérapeute peuvent réagir ?
Pour le patient
- Prendre conscience de sa résistance : Identifier ses propres blocages permet d’en atténuer l’impact.
- Exprimer ses peurs et réticences : Parler ouvertement au thérapeute de ses difficultés à aborder certains sujets.
- Faire preuve d’auto-compassion : Comprendre que la résistance n’est pas un échec mais une stratégie de protection qui peut être surmontée progressivement.
- Accepter d’explorer différemment : Si parler directement d’un sujet est trop difficile, utiliser d’autres méthodes (l’écriture, la visualisation, la métaphore) peut aider.
Pour le thérapeute
- Accueillir la résistance avec bienveillance : Ne pas la voir comme un obstacle, mais comme un élément clé du travail thérapeutique.
- Mettre en lumière la résistance sans juger : Dire au patient : "J’ai l’impression que ce sujet est difficile pour vous. Pouvons-nous essayer d’explorer pourquoi ?"
- Adapter son approche : Utiliser des techniques douces (hypothèses, questions ouvertes, reformulations) plutôt que d’insister frontalement.
- Renforcer l’alliance thérapeutique : Montrer au patient qu’il est en sécurité et qu’il peut avancer à son rythme.
La résistance en thérapie est une réaction naturelle face au changement. Plutôt que de la percevoir comme un frein, elle peut être considérée comme une opportunité pour mieux comprendre les mécanismes de défense du patient. Lorsqu’elle est abordée avec bienveillance et stratégie, elle devient un levier de transformation. L’essentiel est de respecter le rythme du patient tout en l’aidant à avancer vers un mieux-être durable.