La loi naturelle, ou la leçon de vie du piaf à 3 neurones.
J’étais posey en camping (Sauvage, évidemment... ), quelque part dans les montagnes. Isolé, mais pas trop. C’était une semaine tranquille. Je n’avais pas grand chose à faire et j’en profitais. C’était le Printemps, et je passais pas mal de temps dans la tente. Chill.
A l’avant du plateau où était posée ma tente, le terrain descendait, abruptement, vers une rivière fortement encaissée. Et il y avait des arbres. Ça pousse n’importe où ces trucs là.
Étant relativement tranquille, et ayant l’abside de la tente ouverte toute la journée, j’observais une paire de piafs, probablement un couple, qui se poursuivaient, se sautillaient dessus, dans une joie totale.
Ils sont revenus, obstinés, toujours au même arbre, au moins 3 ou 4 jours de suite, ça durait des heures. Ils ne s’arrêtaient qu’avec le coucher du soleil. Alors j’avais bien compris qu’il devait y avoir un nid pas loin, mais je trouvais ça hypnotisant, de me dire que des piafs, avec des ailes, le symbole même de la liberté, sur une montagne, reviennent toujours jouer au même arbre.
Mais surtout... surtout... il n’y avait rien qui dépassait leur jeu. Non seulement ils étaient entièrement à l’instant présent (D’un autre côté, il n’y a pas beaucoup de neo-cortex dans le crâne d’un piaf pour le déconcentrer... ), mais c’était au-delà de ça : leur nature concourrait à perfection à leur activité. C’était des piafs, qui faisaient des trucs de piafs.
J’ai été plus au contact des animaux, ces 3 dernières années. C’est quelque chose que j’ai pu observer assez régulièrement : cette absence de questionnement quant à sa propre essence, quant à son comportement. Et le bonheur qui semble découler de cette sujétion enthousiaste leur est total : la plume brillante, et l’œil joyeux.
J’appelle ça la règle, ou la loi naturelle. Il y en a une pour chaque espèce. Et bien sûr une pour les humains, encore que leur comportement un brin plus complexe la rende plus floue. Et bien que ce déterminisme emmerde le vieux con que je suis, je suis obligé de reconnaître qu’il est assez compliqué de s’éloigner de cette règle naturelle, et de maintenir une sorte d’homéostasie, de santé physique, psychique, affective...
Mais quelque part, c’est implacable d’efficacité, presque inéluctable. Pour revenir à nos humains. N’y aurait-il pas moins de guerres s’il y avait moins de voitures et plus de gros câlins dans les bois ? L’artificialisation des existences ne semble pas prendre la direction du bonheur collectif, ces derniers temps...
Et toi t’en penses quoi ? Que ce que je dis est banal, ou complètement con ? Est-ce que faire l’amour dans les bois vaut la peine de se faire bouffer le cul par les tiques ?
L'Homme se battra toujours, il trouvera toujours une raison totalement stupide pour le faire.
Après, même les animaux se battent pour un territoire, une femelle ou un os à ronger. L'Homme utilise juste des moyens plus radicaux, qu'il a développé.
Sinon, pour la dernière question, ce n'est pas agréable de se faire bouffer par des bébètes pendant une partie de jambes en l'air dans les bois 😅
Il y a une loi naturelle pour chaque animal.
Cette loi va s'exprimer de façon instinctive, et aller dans le sens de son avantage évolutif.
Il répète ce qui a fonctionné pour ses ancêtres, ce à quoi il est bon, et qui a fini par faire partie intégrante de ce qu'il est.
Pour le chat, ce sera la discrétion, et la vénération du mouvement.
Pour le chèvre, ce sera de grimper partout.
Ce sont des exemples simples, qui n'ont pour objectif que de désigner un phénomène.
Ce qui est merveilleux avec les animaux, c'est qu'ils ne dévient que bien peu de cette loi naturelle. Et d'autant moins s'ils sont sauvages.
Et quand on les observe, on se rend compte que suivre cette loi naturelle les rend heureux, tout simplement. La plénitude de leur identité consiste précisément en cette loi naturelle.
Autre chose : il n'y a aucune distance entre eux, et cette loi naturelle. On pourrait dire qu'ils la suivent avec une parfaite, complète concentration. Mais cette analogie est fausse, parce que la concentration implique un effort, alors qu'eux n'en doivent faire aucun.
Et ainsi, tout va bien dans le meilleur des mondes.
Pour l'humain, surtout adulte, c'est plus compliqué : sa capacité d'abstraction autrement plus élevé que celle de n'importe quel autre animal, l'amène à s'interroger quant à sa propre nature.
Pour autant, il n'est pas un pur esprit : il reste un animal, issu et influencé par sa propre évolution, et bien qu'il puisse y avoir une plus grande variété de comportements, une loi naturelle s'applique à lui aussi.
Cette loi naturelle, c'est la sociabilité. C'est créer des liens forts avec son groupe, y être reconnu pour ses capacités, c'est mener des projets communs, c'est aussi le contact physique (Coucou les singes et leurs séances d'épouillage social. ).
Il a dû exister des périodes qui ont mis à mal cette loi naturelle humaine. Mais la nôtre, l'a littéralement a-to-mi-sée.
La technologie joue, mais contrairement à ce que certains réactionnaires souvent intéressés peuvent répéter, elle n'est pas seule responsable.
"Tapez sur les smartphones et les réseaux sociaux, ça nous coûtera moins cher que de vous interroger sur les implications du capitalisme hyper-compétitif. "
Il y a derrière tout ça une trajectoire sociale, économique, culturelle, politique...
Mais bref !
Toujours est-il qu'aujourd'hui, et pour un nombre d'individus qui ne cesse de croître au fil des décennies, cette loi naturelle est totalement prise à rebrousse-poil.
Et je constate qu'une souffrance grandissante en découle, qui se décompose ensuite en agressivité, voire même en sadisme.
"Moi je souffre, et je souffre un peu moins de te voir souffrir aussi. "
Et c'est ce sujet là que j'avais envie de proposer, bien maladroitement sans doute :D.
Mais c'est pas grave ;-).