Le Palais de Justice de Bruxelles

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Le Palais de Justice de Bruxelles, véritable colosse de pierre, est l’un des édifices les plus emblématiques de la capitale belge. Son histoire est marquée par des ambitions démesurées, des controverses et des rénovations interminables.

Une construction monumentale

Au milieu du XIX siècle, la Belgique décide de se doter d’un palais de justice reflétant sa puissance. Après un concours international infructueux en 1860, c’est l’architecte bruxellois Joseph Poelaert qui est choisi en 1861 pour concevoir l’édifice. La première pierre est posée le 31 octobre 1866, et l’inauguration a lieu le 15 octobre 1883, quatre ans après la mort de Poelaert. Avec une superficie au sol de 26 000 m², le palais est plus vaste que la basilique Saint-Pierre de Rome, ce qui en fait l’un des plus grands bâtiments construits au XIXᵉ siècle.

Une architecture éclectique

Le Palais de Justice est un exemple frappant du style éclectique, mêlant des influences gréco-romaines, assyriennes et égyptiennes. Sa coupole majestueuse, culminant à 104 mètres, domine le paysage bruxellois. L’intérieur abrite la vaste salle des pas perdus, véritable cathédrale laïque aux dimensions impressionnantes.

Controverses et expropriations

La construction du palais n’a pas été sans heurts. Le choix du site, sur la colline du Galgenberg (Mont des Potences), a nécessité l’expropriation de nombreux habitants du quartier populaire des Marolles, provoquant leur colère. Ils ont surnommé Poelaert le "schieven architect" en dialecte bruxellois, témoignant de leur ressentiment.

Anecdotes et légendes urbaines

• Le Galgenberg : Avant la construction du palais, cette colline servait de lieu d’exécution publique, ajoutant une dimension sombre à l’histoire du site.

• Un Palais Inachevé : Poelaert est décédé en 1879, quatre ans avant l’inauguration du palais, ne voyant jamais son œuvre achevée.

Rénovations sans fin

Depuis 1984, le Palais de Justice est en rénovation continue, entouré d’échafaudages qui font désormais partie du paysage urbain. Les travaux, initialement prévus pour une courte durée, se sont éternisés en raison de la complexité du bâtiment et des défis techniques. Les Bruxellois plaisantent souvent en disant que les échafaudages sont désormais classés au patrimoine national.

Un espoir de renaissance

En août 2023, la Régie des Bâtiments a lancé une phase majeure de restauration de la façade avant, avec un budget d’environ 31,7 millions d’euros. En novembre 2024, une étape symbolique a été franchie avec le début du démontage des échafaudages présents depuis près de 40 ans, offrant aux Bruxellois l’espoir de redécouvrir bientôt leur palais dans toute sa splendeur.

Le Palais de Justice de Bruxelles demeure un symbole puissant de l’histoire judiciaire belge, reflétant les ambitions et les tumultes d’une époque révolue, tout en continuant d’alimenter les conversations contemporaines sur le patrimoine et l’urbanisme.