đïžđ¶đ : L'art et le bonheur
Il semblerait que regarder un tableau, lire un bon bouquin, assister Ă un concert, ou mĂȘme regarder une piĂšce de thĂ©Ăątre puisse ĂȘtre jouissif.
Aristote, en aurait dĂ©jĂ fait part en son temps, en parlant du thĂ©Ăątre : lâart a une fonction cathartique. Selon lui, lâart serait ce qui nous permet dâexpurger nos passions, ce qui serait confirmĂ© par de rĂ©cents travaux en matiĂšre de neurosciences. Encore mieux, il aurait un effet thĂ©rapeutique.
Si nous nous sentons Ă©mus, chavirĂ©s ou mĂȘme transportĂ©s en contemplant une Ćuvre, ce serait en raison des rĂ©actions chimiques qui interviendraient dans notre cerveau : nous serions capables de sĂ©crĂ©ter de la dopamine et de la sĂ©rotonine, hormones du plaisir et du bonheur.
Lâinfluence de lâart sur le cerveau va mĂȘme au-delĂ du simple plaisir puisquâelle affecte nos Ă©motions et nos capacitĂ©s cognitives, et par lĂ -mĂȘme notre santĂ© mentale. Que nous le crĂ©ions ou lâapprĂ©ciions, lâart nous permet dâexplorer nos pensĂ©es, dâexprimer nos sentiments et de nous connecter au monde de maniĂšre significative.
Ne parle-t-on pas trĂšs justement des nombreux bĂ©nĂ©fices de lâart thĂ©rapie ?
FrĂ©quenter les musĂ©es peut mĂȘme contribuer Ă nous soigner et bon nombre lâauraient dĂ©jĂ compris, notamment au QuĂ©bec, en ouvrant gratuitement leurs portes aux visiteurs/malades sur prescription mĂ©dicale !
Lâart, serait lâun des meilleurs mĂ©dicaments : quâen pensez-vous ?
Merci pour l'article.
Toute société est basé sur l'art et les symboles, c'est profondément humain.
Uniquement boire, manger, prendre des médicaments quand on est malade ne suffit, il faut d'autre chose aussi pour se réaliser dans sa vie.
Je ne doute pas du tout que l'art puisse peser sur la prĂ©servation d'une bonne santĂ© mentale et contribuer Ă un certain bien-ĂȘtre mais je pense que cela est Ă nuancer et Ă contextualiser.
Personnellement, je ne suis vraiment pas certaine que je sĂ©lectionne mes livres selon le potentiel de bonheur qu'ils peuvent me procurer mais pour des raisons trĂšs varier dont celle de satisfaire ma curiositĂ© avec tout ce que cela suppose de dĂ©couvrir le monde, de le comprendre, de me comprendre moi-mĂȘme, de me questionner, de fuir, de stimuler mon imaginaire, de m'aĂ©rer l'esprit, de me cultiver, de me laisser surprendre, de me crĂ©er un espace d'Ă©vasion, etc.
Or, tous ces facteurs remplissent des objectifs différents qui se complÚtent et s'alimentent mais ne se substituent pas forcément. La contribution de l'art au bonheur est partielle, c'est donc réducteur pour moi de le présenter ainsi.
Déjà parce que j'associe le bonheur à un état éphémÚre et passager. Dans ce sens, il est plus proche d'une croyance que d'une réalité objective.
Finalement, ca ferait plus sens pour moi de dire que l'art interpelle et qu'il procure des émotions variés, que de le réduire au bonheur parce que cela exclue tout un panel d'émotion et de réalité.
Sans compter que l'art, est aussi une arme politique et capitaliste trÚs puissante; un temple du consumérisme, de l'absurde et de la futilité donc tout dépend de quoi on parle.
Par ailleurs, je suis convaincue que notre rapport à l'art agit sur la maniÚre dont on le perçoit/reçoit. Par exemple, pratiquer un art et le consommer, sont deux choses différentes qui peuvent agir différemment sur notre état.
Merci pour ce sujet.
:)
Pour moi la lecture notamment permet de conserver une partie (pas grande vu ce qu'il en reste) de ma santĂ© mentale. Je ne choisis pas mes livres pour le bien qu'il me procure, je suis mĂȘme trĂšs focus sur certains sujets mais en tant que forme d'ART elle me procure un rĂ©el bienfait. La lecture et l'Ă©criture d'ailleurs sont, pour moi, salutaire.
Je suis plus mitigĂ© sur les musĂ©es et la contemplation des Ćuvres car, mĂȘme si j'ai beaucoup de plaisir Ă les parcourir, ne me font pas autant de bien que l'art prĂ©cĂ©demment citĂ©. La musique par contre ça marche dĂ©jĂ mieux... que ça soit en concert, en reprĂ©sentation ou mĂȘme chez moi.
Enfin petite mention spĂ©ciale Ă certaines piĂšces de thĂ©Ăątre qui je trouve me font cet effet de thĂ©rapie. Je rejoins Askelle dans l'idĂ©e que la dose de bonheur que procure ces moments est source d'interpellation et que le mot "bonheur" ne suffit surement pas Ă recouvrir l'ensemble du panel d'Ă©motion. Enfin l'art est profondĂ©ment liĂ© Ă la sociĂ©tĂ©, la culture dans laquelle on baigne, son niveau d'Ă©ducation et son rapport de maniĂšre gĂ©nĂ©ral Ă l'art en lui mĂȘme... tout ça fait que ce panel d'Ă©motion sera bien diffĂ©rent d'une personne Ă l'autre et d'une oeuvre Ă une autre.
Merci pour cet article qui fait réfléchir :)
Outre la musique en gĂ©nĂ©ral câest surtout la musique live sous toutes ses formes qui mâa donnĂ© un niveau de bonheur que je nâaurais que connu dans lâamour sinon. Que ce soit la dĂ©couverte dâun groupe que jâadule depuis des annĂ©es sur scĂšne, ou une pure dĂ©couverte en live qui me transforme en fan dĂšs les premiers accords,aussi l'expĂ©rience trĂšs exultante de mettre la tĂȘte dans le caisson avec un kick qui nous purifie de l'intĂ©rieur, et aussi le sentiment intĂ©rieur d'exaltation avant l'apogĂ©e d'une interprĂ©tation de ma symphonie prĂ©fĂ©rĂ©e ; dans tous ces cas, les sentiments sont trĂšs forts et contribuent clairement Ă mon bien-ĂȘtre gĂ©nĂ©ral.
Concernant l'art dans les musĂ©es, la majoritĂ© du temps l'effet thĂ©rapeutique est moins prononcĂ© pour moi, mais elle existe. Je me souviens d'un voyage Ă l'Ă©tranger ou pour certaines raisons j'Ă©tais vraiment mal, j'ai eu du temps libre pour aller dans un musĂ©e et cette visite, en solitaire m'a vraiment aidĂ© Ă remontĂ© la pente du trou oĂč j'Ă©tais tombĂ©.
Finalement pour donner une rĂ©ponse concise Ă la question, je ne pense pas qu'on puisse parler de meilleur mĂ©dicament, car, intrinsĂšquement le meilleur mĂ©dicament serait la panacĂ©e, ce qu'il est difficile d'attribuer Ă l'art, cependant, en reprenant cette idĂ©e, l'art pour moi est le meilleur alliĂ© des mĂ©dicaments, car au travail mental et physique souvent nĂ©cessaire pour guĂ©rir, l'art lui donne une raison d'ĂȘtre, une motivation qui ne se trouve pas dans cet exercice brut. Par exemple.transformer l'activitĂ© physique nĂ©cessaire en plaisir en en faisant une danse, travailler sur sa psychĂ© via la poĂ©sie, cette motivation de l'art peut aider les personnes Ă s'y attacher et continuer la thĂ©rapie mĂȘme si elle est rude.
Pour le reste, quel que soit l'art, pour moi aussi il déclenche plus de plaisir et d'émotions que de bonheur. Tout est relatif.
Le fait que cette réflexion découle d'une analyse chimique (dopamine sérotonine) me laisse perplexe.
Je ne sais plus quel artiste avait dit un truc du genre : "Je ne fais pas de l'art pour ĂȘtre heureux, bien au contraire pour combattre le bonheur". Ce ne sont pas les termes exactes mais je me souviens de l'Ă©cho que ça m'avait laissĂ©. Il n'est pas complĂštement absurde de considĂ©rer que dans une certaine mesure, l'art contribue plus Ă tromper nos sens qu'Ă les Ă©veiller (dictat de l'Ă©motion). Dans ce sens, l'art participerait Ă rendre le monde plus superficiel et futile, ce qu'on ne peut pas totalement rejeter. Je ne suis pas sĂ»re de partager complĂštement ce point de vue mais c'est une idĂ©e Ă laquelle je suis sensible! AprĂšs, je ne saurais considĂ©rer l'art comme une menace sĂ©rieuse.
Le problĂšme avec l'art, c'est qu'il ne revĂȘte pas une fonction mais plusieurs et de diffĂ©rente natures.
Ce n'est pas forcément dans le bonheur! Combien on déjà versé une larme sur une chanson triste? Parfois la catharsis intervient en permettant à quelque chose de douloureux de s'exprimer. En laissant la colÚre sortir, en hurlant.