L’ART du baisemain

Bien que de moins en moins pratiqué, le baisemain fait toujours son petit effet lorsqu’il est pratiqué dans les règles de l’art et avec élégance.

Ainsi, si d’aventure vous êtes amené à en faire, je vous propose de passer en revue les différentes règles qui codifient cette pratique. Je ferai tout d’abord une distinction entre le baisemain entre tout un chacun et le baisemain protocolaire. D’usage en diplomatie et dans le monde ecclésiastique ainsi qu’à un parrain de la pègre, le baisemain est là pour marquer la déférence envers le pape, le cardinal, l’évêque, le roi, la reine, le président... Ils se déroulent généralement dans des cérémonies bien orchestrées. Ainsi un chargé du protocole ou un Maître de Cérémonie (1) sera là pour vous assister et vous préparer à ce moment, sur le comment, quand. Là dessus, ça dépend des domaines ; typiquement, Jacques Chirac bouscula certaines règles et imposa son style. Ce n’est donc pas le baisemain qui nous intéresse aujourd’hui.

Tout d’abord, il convient de savoir à qui on fait un baisemain. Lorsqu’une femme se marie, la bienséance à l’ancienne veut que désormais seul son époux puisse l’embrasser sur le visage, ce qui implique évidemment la bouche, très intime, mais également les joues. Ainsi, une femme mariée, on se contentait d’une courbette, d’une serrage de main selon les pays. Puisqu’on parle de pays, je précise que le baisemain est essentiellement d’usage en France et est beaucoup moins pratiqué dans les autres pays sauf par la très haute société et dans un cadre très mondain. Ne pouvant plus embrasser sur la joue, une pratique alternative vit le jour, le baisemain.

Le baisemain s’effectue donc uniquement envers les femmes mariées mais également veuves. En effet, par respect pour le défunt mari, on se garde d’embrasser de nouveau sur la joue son épouse. On accorde également la possibilité de le faire à une femme d’un certain âge qui n’a jamais été mariée. Il s’agit ici plus de marquer son respect. Qu’on se le dise, le baisemain est une distinction, un honneur. Lorsque vous faites une soirée, vous ne faites pas le baisemain à toutes les femmes.

Cela reste réservé à des personnes dont vous êtes proches et dont vous faîtes confiance ainsi qu’aux personnes pour qui vous avez un immense respect ou que vous admirez. Cela doit rester une pratique rare pour qu’elle garde toute sa valeur et son caractère honorifique.

Autre question, à quelles occasions le pratiquer ? Contrairement aux baisemains protocolaires, l’objectif d’un baisemain n’est pas de faire l’étalage devant tout le monde de son affection envers la dame. Cette délicate attention se fait donc dans des lieux couverts, fermés, dans le cadre privé avec pour exception les jardins privés et les parvis d’église.
On n’est pas là pour faire le coq, attirer l’attention de la galerie, c’est un geste qui se fait dans la discrétion, sans emphase. En conséquence, on ne le pratique pas dans les lieux publics. On va se baisser, prendre la main ainsi on ne fait pas un baisemain lorsque la main est gantée (on n’est pas là pour toucher le tissu ou le cuir) ni quand on porte un chapeau (il ne faudrait pas le faire tomber dans la manoeuvre). Ceci est l’usage formel et historique.
Cependant nous sommes au XXIe siècle et les lignes bougent. Il se pratique de plus en plus avec des gants de soirée. J’insiste bien sur les gants de soirée, si c’est des gants de conduite ou autre, on s’abstient. Dans les réceptions et galas, on admet de plus en plus un baisemain sur le gant. Voici pour le cadre, maintenant, les occasions à proprement parler.
Lorsqu’on nous sommes invités à un grand événement type gala de charité et grandes maisonnées, l’organisatrice ou la maîtresse de maison se tient généralement à l’accueil pour saluer ses invités. Il convient alors de lui faire un baisemain. Lorsqu’on vous présente une personne dans ce type d’événement également mais à utiliser avec parcimonie. Sinon les grands événements d’une vie comme l’obtention d’un grand diplome
(master, doctorat), lors d’un mariage ou d’une noce importantes (typiquement les dizaines) ou après l’arrivée d’un enfant, sont de bonnes occasions pour marquer le coup et faire un baisemain.

Enfin, comment se pratique-t-il ? Comme toujours lors de salutation, c’est la femme qui initie le mouvement et tend sa main. Ce n’est cependant pas à elle se réclamer un baisemain, ainsi, elle n’a pas à lever la main en hauteur de cou pour dire de faire un baisemain. Elle tend sa main comme si elle allait serrer la main. C’est à l’homme qu’il revient de l’honorer ou non d’un baisemain. S’il décide de procéder, il va alors prendre la main de la jeune femme avec une seule des siennes. On voit parfois, notamment dans les feuilletons américains, la personne la prendre avec les deux mains, cela ne se fait pas. Du serrage classique, elle va tourner la main à l’horizontal de façon à ce que le dos de la main de la lady soit sur le dessus.
De là, le gentleman va s’incliner jusqu’à ce que sa tête arrive au niveau de la main. C’est important, on ne lève pas la main à son visage, c’est nous qui nous inclinons. Et la question qui fait débat, on embrasse ou pas ? La réponse est non ! Les baisers mouillés sont à proscrire. On ne touche pas avec nos lèvres la main de la femme. On n’est pas là pour mettre de la salive et imaginez que c’est l’hotesse de maison, quand elle accueille 20 personnes, à la fin, elle a la main tout irritée. Comme on serre la main, on a notre pouce sur la main de la femme, on va alors caler notre menton sur ce pouce et on s’arrête là, ou au pire, on effleure vraiment légèrement mais on n’embrasse pas. Seule exception à la règle quand c’est un mari envers sa propre femme mais dans le cadre intime, on évite de le faire devant les invités sauf encore pour des anniversaires de mariages.



Pourquoi cet article ? (Légèrement copié-collé, une fois n’est pas coutume).
C’était un matin, à la terrasse d’un café, lors d’une discussion amicale. Surgit alors une Dame Inconnue envers laquelle, au premier regard furtif, je n’imaginais ni lui serrer la main, ni lui faire la bise, ni rien du tout. L’idée survient alors du baise-main, ce que je fis.
(en attrapant sa main, et dans un lieu public, tout faux).
La réponse fut un "arrêt sur image", des yeux étonnés et visiblement charmés, et un "Oooh ! Il y a vraiment longtemps qu’on ne m’avait pas fait de baise-main".
...
Quelques jours plus tard, j’arrive en terrasse pour le café matinal, "Ma Dame" attablée, seule, se lève et tend sa main en invitant d’un "alors cette fois, c’est moi qui te fais un baise-main ?!". Ce qu’elle fit.
Mystique in lov’



(1) message subliminal, on attend un M(J?)C ! je répète, un MJ est demandé !
http://www.aucomptoirdusavoir.yann-bidon.fr/bonnes_manieres/savoir-13-L%27art-du-baisemain.html